Avant j’étais bêtement sentimental, stupidement romantique, imbécilement rêveur : ma terre était vierge et ma pensée stérile.
Je n’avais d’avidité que pour les brins de pâquerettes.
Depuis que j’ai croisé votre regard de femme, je suis devenu un fauve
affamé d’étoiles.
Et de crachats de vipères.
Désormais mon coeur s’est enrichi de pierres pures et dures, lourdes et
rugueuses.
Je suis un roc et j’ai des crocs.
Je me suis doté d’une virilité d’ogre, embelli d’une crinière aux éclats de
feu, complété d’une férocité de lion : mes fruits sont bien plus savoureux. Et
féconds.
Hier j’avais une tête garnie de frisettes. Je ressemblais à un caniche.
J’aboyais avec politesse devant de bien sages images de demoiselles en
crinoline...
Aujourd’hui j’ouvre grand ma gueule puante de carnassier pour dévorer tout
crus ces porteurs de fleurs qui vous tournent autour, Madame !
Je ne me rase plus, ne me couvre plus de dentelles, ne me parfume plus : ma
face devient burinée, hirsute, austère. J’ai délaissé mon épiderme pommadé de
citadin fragile pour une peau de guerrier. Je veux plaire non plus à la bonne
société des endimanchés mais à la femelle que vous êtes.
L’amour Madame, ce n’est pas la soie mais le crin. Non l’émoi mais la
crainte. C’est la rage et la soif qui va avec. L’orage qui foudroie et non l’or
qui poudroie.
L’amour vrai c’est quand je vous effraie, non quand les autres vous
flattent.
Le véritable délice, l’authentique vertige, le divin frisson Madame, ce ne
sont pas les artifices qui caressent mais les vérités qui brûlent.
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