Sous mes pieds, un gouffre plein d’ombre et de cailloux. Face à moi, un
horizon de brumes et de difficultés. Au dessus de ma tête, un océan de larmes
tombées du ciel.
Je vis dans une vallée de tempêtes et de misères, de grêle et de chagrin,
de regrets et de crachins.
De la naissance à la mort, je vais de pluie en orage, de foudre en fracas,
de bourrasques en tracas.
Avec, tout autour de mon château de boue et d'épines, d’autres passagers de
ce royaume sombre et douloureux, accompagnant mes jours d’épreuves.
Ensemble nous voguons sur cette Terre au milieu des peurs et des drames,
des pleurs et des armes.
Chaque matin qui se lève est une nuit qui commence et chaque soir qui
arrive est une tombe qui s’ouvre.
J’ai pour mission de faire une moisson de malheurs. Pour un monde
meilleur...
Ce que vous n’avez pas compris, vous les accablés, vous les tristes, vous
les piteux, c’est que comme moi, vous êtes des fleurs dans l’Univers.
Vous êtes nés pour la joie, mais vous ne le savez pas.
Ce que vous prenez pour des calamités, des deuils, des blessures sont en
réalité des vins enivrants, des soleils régénérants, des engrais spirituels pour
vos âmes.
C’est pourquoi je ne vois en fait que de l’eau claire dans les nuages les
plus noirs, que des étoiles radieuses dans les ténèbres de l’hiver, que de
l’azur se reflétant au fond des puits.
Chacun discerne le contour comme le coeur des phénomènes selon la limpidité
de son esprit.
Le matérialiste au regard opaque ne percevra même pas la simple lumière du
jour, tandis que l’éveillé verra immédiatement des diamants dans le
charbon.
Le premier avec sa vue bornée ne trouvera nul trésor dans la poussière des
choses mortes. Le second saura y lire des mots lumineux, des images
magnifiques dans l’air : au moindre de son souffle il soulèvera l’inerte, la
grisaille, le pesant, l’immobile pour révéler d’autres possibles, plus subtils,
plus étincelants.
En vérité je suis heureux de vivre dans cette incarnation, plein de
gratitude envers tout ce qui passe devant moi ou s’abat sur mes épaules : vent
ou neige, froid ou caresse, erreurs ou réussite, chance ou infortune, chutes ou
envolées, mauvaises et bonnes surprises... Je m’abreuve de toutes les ondes,
glacées, tièdes ou brûlantes, pour grandir, briller et m‘embellir.
Tout est bon à prendre dans cette vie car, à mes yeux, tout ce qui
touche notre sol, tout ce qui nous tombe dessus, bref tout ce qui nous arrose,
vient fatalement du ciel !
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