Mon chat est mort, mon mistigri n'est plus, mon moustachu s'est envolé.
Et je suis triste, seul au bord du chemin, sans plus de joie dans le coeur. Il n'est désormais plus qu'une dépouille, une image sans souffle, un corps voué à la ruine, là dans ce trou.
Il est parti loin de ma perception, par-delà la misère apparente de ce gouffre de ténèbres et de froideur où son cadavre gît, juste sous mes pieds.
Je n'entendrai plus ses miaulements qui résonnaient en moi comme des mots d'amitié, des demandes d'étreintes, des appels de sa petite âme, des cris d'amour vers ce dieu-serviteur que je représentais pour lui...
Et je recouvre de terre lourde son pelage doré, l'ensevelis sous l'ombre et l'humus, l'inhume en ce jour ensoleillé de janvier en interrogeant le ciel sur ce mystère de la séparation... Et je vais devoir repartir sans lui, le laisser au fond de cette sépulture en espérant le retrouver dans mes rêves, le reconnaître à travers la forme des nuages, le revoir dans de mystérieux horizons intérieurs, dans d'autres brumes lointaines d'un monde dont je ne connais pas encore le nom.
Cet être frêle et subtil qui cheminait à mes côtés fut un compagnon irremplaçable de ma vie d'homme. Un animal cher qui pour moi comptait à l'infini, à cause de cette parcelle de clarté divine émanant de son regard débordant de tendresse.
Je crois que ceux qui s'aiment ne se quittent jamais vraiment. Ils se perdent seulement de vue.
Cet ami quadrupède se ne résumait pas qu'à une simple présence à nourrir et soigner, à une esthétique incarnation à admirer avec ses éclats de rousseur lunaire... C'était essentiellement une flamme sacrée, une fleur céleste, un messager de la Lumière.
Cet astre qui s'est éteint à mes yeux physiques s'est rallumé, je le sais, au royaume de ceux qui se sont reconnus sur Terre.
Et même si je pleure son absence, alors que son enveloppe d'or et de feu est étendue au fond de cette fosse, à travers mes larmes il brille toujours.
Pour l'éternité.
Adieu, mon Jaune.
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