J'observais la Lune.
C'était au crépuscule, en juin. Il y avait des vipères dans l'herbe et dans
une ferme au loin j'entendais l'agonie d'un porc qu'on égorgeait.
Des avions zébraient la nue, tandis que des vaches meuglaient paisiblement
dans les pâtures. Tout autour de moi je percevais les bruits de couverts et de
cuisines à travers les fenêtres ouvertes des maisons.
L'humanité se restaurait, les toits s'aéraient, le soir s'installait
tranquillement sur le monde.
Et tout là-haut dans le ciel d'été, l'astre brillait plus que jamais,
indifférent au quotidien des bipèdes.
Je crois que j'étais le seul dans la contrée à m'attarder sur ce visage mystérieux voguant au-dessus de nos têtes.
Des pleurs d'enfants, des aboiements de chiens et des disputes de couples
me parvenaient de tous les horizons, ponctués de claquements de portières de
voitures et de clameurs de postes de télévisions.
Je reçus un caillou sur le front jeté par quelque garnement malicieux. Et
je sortis de ma rêverie.
Je ne savais pas trop ce que je faisais dans cet univers que je n'avais pas
choisi, entouré de gens étranges, triviaux, bêtes et gentils, lumineux et
mauvais, aimables et lourds ou bien infects et joyeux...
Séléné illuminait la Création de sa lueur souveraine. Ses rayons
caressaient mon âme. Et, touché en plein coeur par cette chandelle céleste, je
me réconciliais avec ce siècle.
Et posais sur les hommes, sombres ou légers, un regard plein d'amour.
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