Lorsque les lourdeurs de ce siècle m'accablent, mon esprit s'envole vers la
Lune pour s'y promener sur son sol d'argent.
Là-bas, je me retrouve en plein silence dans un océan de paix, sondant des
paysages de pierre, voguant sur des flots immobiles d'une éternité
brillante.
Mais c'est aussi un monde tranchant et mortel où l'ombre est de glace et le
jour de feu.
Tel un paysan sélénite, je contemple alors les champs de poussière qui
étincellent au soleil, heureux de cette permanente moisson de lumière dédiée aux
inutiles de la Terre, esthètes déconnectés du réel, traîne-savates et autres
semelles crottées qui, comme moi, chantent les beautés aiguës de l'astre vérolé
de cratères.
Et je m'évade dans ces prairies figées, ivre de bonheur, assoiffé
d'immensités mélancoliques, cheminant entre monts adoucis et plates étendues,
inlassablement, émerveillé par les clartés de ce royaume de désolation.
Je m'égare dans ce désert couvert de régolithe, cette neige lunaire qui
blanchit tous les chemins.
Avec, au-dessus de ce paradis de mort, un ciel d'encre perpétuel. Et devant
moi, des horizons aux promesses d'éternelle pétrification.
Je me perds dans ces plaines semées de fantasmes tandis que l'écume de
roche virevolte sous mes pas...
Et j'emporte dans mes bottes les éclats inextinguibles de cette vaste
cendre qui ressemble tant à de la poudre d'or.
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