Lorsque mon coeur de macho phallocrate bat pour une cause dépassant la
hauteur de ma chair de taureau, autrement dit quand la flamme est si belle et si
pure qu'elle transcende ma virilité et fait taire mes feux impies, j'oublie les
fadaises romantiques apprises dans les livres sans consistance et renie les
finesses mensongères que l'on m'a bêtement inculquées en tel cas.
Alors, loin des singeries de salon, je pulvérise les porcelaines
sentimentalistes d'un effroyable coup de massue !
Et remplace les mièvreries écrites dans la soie des chimères en vogue par
des lettres rouges gravées dans l'acier de ma poitrine faite pour la guerre
!
Je jette les gants blancs de mon éducation, abandonne les dentelles de mon
langage et chausse mes grosses bottes de conquérant !
Je deviens un ogre. Un soudard. Un épouvantail.
Les romans des caniches sont écrits sur la craie fade et friable de leur
vie prudente. Mes histoires sont racontées à coups de burin dans l'azur.
Les pâles rêveries des amants de ce siècle insipide sont des grimaces
flasques issues d'un imaginaire étriqué, sec et pauvre...
L'amour véritable en ce qui me concerne, c'est une eau glacée jetée sur ma
face de rat givré, une neige qui cingle mon front calleux de crapaud pétrifié,
une averse de silex tranchants qui tombe sur ma tête de cafard réfrigéré !
Pour que l'affaire puisse m'enivrer, moi la statue de plomb aux semelles
d'éther, je dois me sentir emporté comme une plume.
Et non pris pour un pigeon.
Je ne veux pas devenir une nouille cuite à l'eau de rose, une coquillette
molle bercée dans des puérilités au sucre raffiné, non...
La banquise virginale descendue du ciel est bien plus brûlante que ces
tièdes platitudes nées de brises printanières !
Il faut que l'éclair soit à la mesure de mes crêtes, aussi doux qu'une
vallée de caillasse, vif comme une piqûre de guêpe.
Sinon c'est de la soupe aux navets.
Mes ailes nivéennes et mes sommets de marbre portent les idéaux les plus
âpres.
Cupidon ne s'affuble point d'éclats factices. Pas de fards pour le messager
de la divine clarté !
Cet oiseau supérieur doit voler plus haut que les nuages.
Loin de tout artifice.
Bref, je destine mes orages de lumière et mes tempêtes de blancheur aux
femmes dignes de mes appétits de loup.
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