Aujourd'hui l'ombre s'étend partout, mon âme n'est plus aux anges, elle
plonge dans ses sommets pleins de plomb et d'esprit.
Il pleut dehors, je brille de tristesse au fond de mon lit et, à demi
conscient dans mes nuages intimes, je deviens un astre de mort et d'ennui.
Une pierre éclatante. Un caillou vif. Une rocaille palpitante.
Cette ivresse d'esthète porte les fruits âpres et beaux d'un rêve noir qui
ressemble à une terre féconde, car chez moi les états crépusculaires inspirés
par les ronces, les pleurs ou les pluies ne sont ni misère ni néant mais vagues
de joie, flots de flammes et averses d'azur.
Je bois la mélancolie des jours de deuil comme une liqueur de vie,
m'inocule cette lumière molle avec extase pour la recracher à travers la sève de
ma plume sous forme de gerbes de fleurs et d'épines mêlées.
Et je vogue, heureux, dans des champs de larmes, sous un ciel d'euphorie,
au bord de hauteurs calmes...
Entre la caresse des sanglots et la piqûre de l'allégresse, je ne sais plus
si je monte ou si je plane, mais je crois bien que mes ailes sont blanches,
qu'elles s'éclaircissent et que l'altitude me fait perdre la tête.
Au fil de mon ascension je me charge d'air.
Et je deviens une bulle.
Vidé de toute pesanteur, il n'y a plus que de la clarté en moi.
Et c’est là précisément que j'éclate de bonheur.
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