Les artifices de la civilisation me pèsent, mes gros sabots de pauvre clodo
m'allègent.
Je n'ai que faire des beaux vêtements des gens de la ville.
Moi ce qui m'agrée, ce ne sont pas les dentelles et autres bagatelles que
portent les natures raffinées de la cité, mais l'authenticité de mon pantalon de
péquenaud et la vérité de mon chapeau de paille troué.
Je me sens à mon aise avec mes allures d'épouvantail.
Mes hardes me vont comme un gant. Je suis fait pour me vêtir de lin
grossier et de peaux de bêtes, non pour suivre vos modes qui se démodent tout le
temps !
Je fais ma toilette dans les ruisseaux et me parfume du vent frais du
matin. Cela me suffit pour vous présenter décemment ma face d'ogre.
Je n'ai nul besoin de vos manières savonnées et de vos tapis de salon
!
Si j'arbore une apparence hirsute et bourrue, ce n'est certainement pas
pour jouer les jolis coeurs devant vos miroirs dorés !
Moi, il faut me prendre comme je suis : sans pincettes et même avec de
sacrées pognes !
Plus proche des vaches que des hommes, des sangliers que des bourgeoises,
des corbeaux des champs que de la fine société parisienne, j'ai la couenne aussi
sensible que l'écorce d'un chêne, le coeur tendre comme le granit des chemins,
et pour le cidre bien râpeux qui coule sur mes jours d'antique hibou, j'ai une
foutue soif de loup !
Je suis un pèlerin de la belle misère, un gueux heureux, un oiseau des
ombres qui ne participe pas à vos jeux d'argent, pas plus à vos théâtres de
pantins.
Moi j'ai choisi d'être le roi des oubliés en mon royaume de liberté.
VOIR LA VIDEO :