Je pars.
Loin, haut, longtemps.
Je quitte le sol et ses lourdeurs, m'éloigne de mon quotidien, mets les
voiles à la verticale.
Je prends la direction des airs à la découverte du ciel, des nuages, des
rêves et autres légèretés hors de mes terrestres habitudes.
Vus depuis l'azur, mon concierge paraît encore plus minuscule, étriqué et
poussiéreux, ma boulangère semble plus bête que jamais en dépit de ses belles
miches et tout jacasseur radiophonique devient particulièrement
insignifiant.
Même les prix Nobel, comme les autres humains boursouflés par les
vogues, les vents et les fumées, ressemblent à des fourmis.
Lorsque je suis propulsé dans les hauteurs entre deux ailes motorisées, je
vois le monde avec davantage d'acuité : depuis la position élevée où je jette
mon regard, les grands hommes d'en bas ne sont plus ceux qui font des vagues de
vacuité médiatique, portent de vastes chapeaux chargés d’artifices ou gardent
les clés du local à poubelle en émettant du matin au soir des paroles creuses
plus fort que le reste de l'Humanité, mais le personnel navigant qui, pour le
coup, se retrouve aux antipodes du plancher des vaches.
Quoique ma marchande de pain, si je fais abstraction de ses propos ineptes,
ait dans le corsage de quoi m'ébahir durablement et me faire voyager
statiquement. Mais elle est une exception, donc ça ne compte pas vraiment...
Bref, revenons à nos oiseaux.
A mes yeux les pilotes s'apparentent à des dieux : ils m'emmènent là où je
veux aller, sur des routes célestes faites de vertiges et d'immensités, de
gouffres aériens et de sommets atmosphériques.
Dans un mélange de formelle technicité et de pure poésie, ils me conduisent
vers de neufs horizons en vrais chefs qu'ils sont, droits dans leur uniforme
!
Soyez certains qu’avec eux je parviens toujours à bon port car le but de
mon départ ce n’est pas l’arrivée mais l’essentiel !
A deux pas du bonheur, au bord des nuées, au-dessus de la mêlée.
Entre le ras des pâquerettes et l'infini, en plein vol exactement.
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