Un jour tourmenté d’octobre, c’était en un temps béni, en des lieux propices, je me suis laissé emporter par un vent mystérieux.
Il s’agissait du souffle de mon esprit je crois, des ailes de mon âme il me semble, d’une tempête poétique en moi, sourde, puissante, majestueuse.
En cet état j’ai atteint, je vous le jure, des hauteurs ultimes, peut-être un royaume interdit à certains mortels. En prenant la direction des nuages, mon regard a étrangement sondé des gouffres de grisailles parmi des immensités d’azur. Et là, j’ai vu un crépuscule sans fin entre l’ennui et le rêve, discerné des ombres et des flammes dans l’horizon, aperçu des sommets de glace au-dessus d’océans de morosités.
Je me sentais alors dans des espaces nouveaux, ni sur terre véritablement, ni vraiment dans les nues, pas même dans la réalité palpable d’un quotidien banalement sublimé, non.
Je me trouvais ailleurs.
Dans le vague. Si proche du présent pourtant, tellement près des choses tangibles, mais sans plus pouvoir les toucher, juste les survoler comme si j’étais un oiseau ou bien les voir tournoyer autour de ma tête.
Pareil à un fantôme, je traversais la matière, dépassais les bornes du visible, me jouais des pesanteurs. Entre moi et le monde s’était dressée une muraille, et cela ressemblait à une brume.
Devenu aussi léger qu’une plume, je me crus l’égal d’un ange.
Mais bien vite je me rendis compte que je m’étais tout simplement noyé dans les fumées troubles de l’automne naissant, avec ses parfums fatals de nectars mis en bouteilles, sources de tant de bonheurs éphémères et de mélancolies fulgurantes s’évaporant dans le ciel des buveurs...
Je venais d’entrer de plein pied dans la divine saison, transporté par les vapeurs capiteuses de la douce liqueur de poire.
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