En ce jour qui aurait dû être comme un autre, la mort est à l’honneur.
La Camarde inattendue, venue par surprise y est exhibée dans toute sa crudité, son écoeurante vulgarité, sa tranchante hideur.
L’ambiance morbide qui règne en ces heures de deuil ajoute une lourdeur supplémentaire au cadavre obèse étendu sur le lit. Certains font semblant de sourire paisiblement, comme pour embaumer d’hypocrite amabilité ce corps inerte.
Mais le macchabée est décidément trop laid, trop indécent, trop grotesque.
Pourtant des enfants ont tenu à venir contempler ce gisant incongru : le défunt était leur idole.
Ils observent, fascinés et terrifiés, hésitant entre curiosité et dégoût, attirance et répulsion, cet homme pétrifié sur sa couche.
De toute évidence, ce personnage singulier ne semble pas être à sa place, et en même temps, paradoxalement, c’est là qu’il incarne encore le mieux son rôle, là qu’il est le plus persuasif.
Précisément pour la raison qu’il se trouve exactement, en cette macabre circonstance, dans une situation où on ne l’attend pas.
Son jeu éclate de vérité.
Ridicule jusqu’au bout, pathétique, pitoyable, misérable, consternant, il en devient finalement beau, immobile dans son linceul de réalisme.
Après une cérémonie funèbre qui, contre toute attente fut ennuyeuse, indigeste, laborieuse, on s’apprête à mettre en terre cette drôle de dépouille.
Le numéro est achevé.
On vient d’inhumer un clown.
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