Texte d'après un tableau du peintre Aldéhy
Cette femme qui émerge de la lumière représente elle-même un vivant
flambeau.
Elle ne brûle pas abstraitement au firmament des idéales conceptions comme
si elle était hors de portée humaine, non. Elle brille réellement parmi nous.
Elle ne met pas seulement le feu à notre siècle, elle y éclaire surtout les
êtres. Elle ne repousse pas passagèrement les ténèbres, elle enflamme
durablement la nuit de sa présence.
Qu'a-t-elle donc à montrer de si impérieux aux hommes, à clamer si haut
sous le clair azur de la vérité, à souverainement enseigner au monde ?
Rien, ou du moins si peu de choses...
Juste l'évidence. Elle sort de son ciel pour rappeler cette loi
essentielle, capitale, cruciale que tous les mortels connaissent de manière
innée. Mais qui très souvent est si vite oubliée !
Une bagatelle qui passe pour une baliverne en notre époque de mensonges, de
faux, de toc.
De son seul regard elle réveille les morts. Et de sa face radieuse fait
sortir les fleurs de la Terre et fleurir le roc. Sa force consiste à exprimer le
vrai, à dire le bon, à désigner le beau. Et à n'avoir de l'estime que pour ce
qui restera toujours grand.
La braise salutaire qu'elle déverse sur les âmes saines est
fatalement douloureuse. Tant mieux !
Cette flamme au visage de soleil n'incarne nullement les rêves insipides
de ces chiots dévirilisés qui ont choisi de mener de pauvres vies édulcorées
dans le confort des modes et l'ombre du néant.
Bien au contraire, elle reflète la gloire de ceux qui, intègres, entiers,
incorruptibles et éclatants, plutôt que d'affadir leur existence dans les
mollesses de la prudence et autres tiédeurs en vogue, préfèrent mêler aux roses
de leurs jours ordinaires les exquises épines du véritable bonheur.
Elle déclare à ceux qui veulent l'entendre que pour être heureux il faut aussi aimer le malheur, faire bon accueil au printemps autant qu'à l'hiver, se chauffer aux étoiles comme à la cendre, boire le vin de fête au même titre que l'eau austère.