Au cours de mes fabuleuses aventures locales, tant à travers champs qu'au fond des jardins, je croise des épouvantails.
Ces êtres de rêve et de paille font partie de mes meilleurs amis !
Ils se dressent dans la solitude de la campagne en affrontant tous les vents, fiers et dignes, pareils à des rois en guenilles.
J'aime les voir apparaître dans la brume, inquiétants, quasi vivants avec
leur face ambiguë et leur couvre-chef de vieux paysans... Parfois abandonnés, oubliés, brisés, ne
servant plus à rien, ces spectres en loques brillent tels des astres moribonds.
C'est là qu'ils sont les plus beaux.
Ils sont la poésie de la friche, l'âme des sillons, le chant de l'aube et le mystère des ténèbres.
Ils ont plein de brouillard dans le coeur, de la pluie dans les yeux, des étoiles cachées dans les poches de leurs vestes trouées. Et se présentent sous le ciel avec des fleurs dans les mains, devant les hommes avec des ronces.
Je crois bien qu'une flamme brûle sous leurs haillons. Ils ont besoin de chaleur et d'amour, eux aussi.
Et lorsque le givre les blanchit, seuls dans la plaine, sans personne pour les enlacer, ces pauvres ermites doivent trembler de froid... Comme n'importe qui à leur place.
Leurs allures tristes et leur silhouette auguste leur confèrent un charme champêtre profond, étrange et mélancolique. Il y a toujours un peu d'hiver sur leur front et beaucoup de printemps dans leurs cheveux de chaume.
Je me sens si proche de ces silencieux confidents... Plantés au bord des chemins, ils fixent l'horizon et voyagent avec les nuages, perdus dans leurs pensées nébuleuses. Ce sont mes fidèles compagnons de route, de secrètes présences au milieu des herbes folles, des fantômes établis loin des logis.
L'ailleurs est notre but commun, moi qui vagabonde sous l'azur, eux qui mendient de la lumière.
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