J’attends ma Dame qui arrivera bientôt. Et quand je la verrai passer la
porte, le Soleil s’inclinera.
Mon aimée que j’attends, tout comme moi, se voit au centre de l’Univers. Elle est égoïste, capricieuse, hautaine, éduquée. Elle est dure envers les
chiens, méchante envers les enfants, méprisante envers les sans particules, mais
très douce, très amoureuse à l’égard des grands fats de mon espèce qui morguent la
gueusaille et giflent la valetaille.
Et c’est parce qu’elle me ressemble tant que je l’aime tant. Et c’est parce
que je suis un astre de vanité fracassante qu’elle m’aime à ce point.
En échange de sa flamme qu’elle me crache à la face, je l’éblouis de ma
lumière. Et lorsqu’elle m’offre ses larmes, je lui joue un air faux sur un
violon de fumée. Quand deux hypocrites s’adorent, la musique grince, les pantins gesticulent et la pluie arrose leurs coeurs en fête.
Elle a la bouche sensuelle, la mine fraiche, la taille mince, le corps
élancé, la chevelure ténébreuse, le regard féroce. Sa toilette est fort
sophistiquée, extravagante, pleine de codes complexes, d’artifices coûteux. Ma
Dame que j’attends est une beauté pompeuse.
L’heure du rendez-vous approche, je tremble de bonheur. Pour ses beaux
yeux, j’ai remplacé mes laines rapiécées de jeune avaricieux par de la dentelle
neuve, lustré mes lames rouillées, tué toutes les araignées de mes salons. Ma
Dame pense à ma bourse comme je pense à son immense chapeau à plumes : avec
désintérêt forcé, détachement factice, négligence affectée et même avec franc
humour.
Elle sera là dans un instant. Sous mes lambris nous danserons sur des pas
savants avec un air grave dans un bal triste et confidentiel, sans orchestre, où
seuls ma Dame et moi serons présents.
Une chorégraphie monotone et douloureuse juste pour nous deux, sous les
regards figés de mes ancêtres dans leurs cadres dorés que je n’ai pas songé à
dépoussiérer.
Mais je l’entends souffleter ma bonniche dans la cour... Mon sang de
seigneur-persifleur est en ébullition ! Ses souliers moqueurs claquent à
l’entrée de ma maison. Elle approche... Je vais défaillir d’aise.
Elle vient. Elle paraît.
Et rayonne.
Je lui souris. Elle me regarde avec courtoisie. Je lui adresse la parole en
ces termes :
- Je vous attendais, ma Dame. Vous voici donc
arrivée.
Elle me répond tendrement :
- A présent que je suis là, vous ne m’attendez plus. Alors
allons souper, avant de pleurer yeux dans les yeux sur l’heure de mon départ,
demain, après le diner. Ainsi, vous pourrez vous amuser à m’attendre encore et
encore dans les plus délicieux frissons d’un amour spécialement conçu pour vous
plaire et vous déplaire tout à la fois, tourments contrariants mais enivrants
que je partage avec vous dans la joie et l’honneur de ma virginité préservée
pour votre contentement d’esthète nombriliste dénué de scrupule à mon endroit et
de sentiments altruistes à l’égard des gens de peu. Je vous aime, Seigneur
IZARRA.
Et je conclus son bavardage ampoulé sur ces mots secs :
- Aimez-moi donc encore, ma Dame !
VOIR LES DEUX VIDEOS :
https://youtu.be/ON3NwNCBTxo
https://rutube.ru/video/8c5ef37763180b607ff940addaa79ca7/
http://www.dailymotion.com/video/x3v57dy_j-attends-ma-dame-raphael-zacharie-de-izarra_travel
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