Moi je déteste ce qui est doux et mou, gentil et fragile, petit et
faible.
Je préfère ce qui cogne dur.
Tout ce qui est fort et méchant, grand et percutant, âpre et bien
salé.
Je ne suis pas un tendre : les mollassons, les pleurnichards, les frileux
de tous poils ne doivent s’attendre à aucune pitié de ma part.
Je n’ai d’estime que pour les porteurs de sceptres, pour les dents longues,
pour les lions qui comme moi avalent le monde tout cru, d’une seule
bouchée.
Ce qui rampe et geint, ce qui bave et se lamente, ce qui se traîne et
supplie ne mérite à mes yeux que torgnoles et crachats, railleries et
rugissements, jets de pierres et flots de vitriol !
J’écrase de mon talon de fer le flasque peuple de larves nourrit de rêves
insipides, assoiffé d’insignifiances, gonflé de l’imbécile orgueil
des perdants.
Les pauvres, les victimes, les exclus au lieu de se plaindre devraient se
battre. Plutôt que de gémir devraient chanter. Marcher, danser, voler et non pas
s’effondrer pour se vautrer dans leurs misères.
Qu’est-ce que cela leur coûte de rire ? La joie de vivre n’est-elle pas
chose gratuite, accessible à qui le veut ?
Celui qui cherche à m’émouvoir en m’exhibant ses malheurs, que ce soit en
affichant son moignon d’éclopé ou en me tendant sa carte de catarrheux, voire sa
sébile de crève-la faim, je lui balance en pleine poire l’écume insolente de ma
gloire d’être né pour admirer, non pour m’apitoyer !
En réponse aux larmes dégoûtantes de ces stériles pleureurs, de ces semeurs
d’échec, de ces cultivateurs de tristesse, je propose très généreusement la
récolte de mon projectile de salive persifleur sur leur front de lavette.
Non, je ne suis décidément pas un tendre envers les roseaux qui ne pensent
même pas.
Je suis d’un bois comme on n’en fait plus. J’ai la sève amère, de l’écorce,
beaucoup d’écorce... Et de la racine d’acier.
Je suis de la race des chênes, non des chaînes.
VOIR LA VIDEO :
https://www.youtube.com/watch?v=1Fg0_UJ3n5E
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