Née dans une ferme isolée, élevée par une famille d’attardés aux moeurs
béotiennes, la fermière qui engraissait les porcs depuis son enfance croyait que
sa laideur, son obésité, sa face ogresque étaient des gages de séduction : de
l’amour elle n’avait eu que l’exemple des coches s’offrant à des verrats.
Avec les grognements de ses bêtes puantes pour toute
musique nuptiale.
Aussi, lorsqu’elle croisa pour la première fois de sa vie un beau
seigneur, c’est avec assurance qu’elle se dévêtit devant lui, sa vue déformée
sur les affaires essentielles du coeur et de la chair lui ôtant toute capacité à
l’auto-critique.
Ainsi elle lui exhiba l’horreur de ses appas et prit pour une
marque d’admiration l’expression de dégoût que son corps adipeux, difforme
inspira à l’esthète outragé (que, bien évidemment, seules les sveltes Vénus
enflammaient).
En retour à cette offense qu’elle pensait être un cadeau de grand prix,
elle reçut deux gifles et un crachat sur sa figure mal faite. Elle saigna de
son épais nez porcin et sa blessure ruissela sur les deux énormes baudruches
flasques lui tenant lieu de féminité, ce qui rendit le tableau encore
plus grotesque.
Elle ressemblait à un cochon qu’on vient d’égorger.
Mais cela ne fut pas suffisant pour éteindre le courroux de l’aristocrate
scandalisé par cette verrue. Le spectacle de tant de disgrâce et de bêtise
mêlées le rendait cruel, méchant, impitoyable.
Redoublant d’une rage vengeresse qu’il prit soin de dissimuler derrière un
faux regard de compassion, faisant semblant de regretter son attitude, il
approcha sa main du visage de l’éplorée comme pour la consoler et se faire
pardonner...
Le laideron ferma doucement les yeux, en attente de sa caresse...
Alors dans un ricanement terrible il enfouit brutalement son groin dans la
boue et, se saisissant d’une lame de sa poche, rasa les cheveux de l’immonde
qu’il supposait être infesté de poux, elle qui fréquentait les plus
ignobles créatures ! Les cris de la pouilleuse étaient en effet ceux d’une
truie... A force de vivre en leur compagnie elle s’y apparentait jusque dans
leurs pires manifestations.
Punie pour sa bêtise, punie pour sa hideur, elle se dédouana cependant fort
involontairement de ses tares : en contant ce souvenir dans les salons feutrés
de son château à des beautés guindées aux corps finement galbés, le sybarite les faisait bien rire, ce qui amenait ces coquettes conquêtes encore plus facilement à son
alcôve.
VOIR LA VIDEO :
https://rutube.ru/video/6de286b7a6424631261938caee3a1268/
http://www.dailymotion.com/video/x5dw7va
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