Je suis né pour économiser.
Vivre dans la frugalité pour le plaisir de ne rien dépenser, jouir de
l’épargne, voir mes gains s’accumuler, mes débours se réduire, voilà mes plus
chers desseins.
Ennemi acharné de l’opulence, rétif à tout achat, le moindre frais me
rend malade, le plus petit lucre me redonne la santé. Le seul air que je peux
pleinement respirer est celui de la privation.
La ladrerie me donne des ailes.
Chaque centime économisé est pour moi un festin cérébral inégalé :
plus je mets de côté, moins je souffre.
Et moins je paye, plus je suis soulagé.
Me priver de tout pour me contenter de rien, telle est mon
ivresse.
A mes yeux un sou est un écu, un écu est un trésor, et toute ma
fortune consiste en ce dépôt de grandes mais surtout petites
choses.
Je raffole de l’eau, me gave de salades de pissenlits, ne me prive
jamais des fruits des chemins, banquette sans scrupule de soupe aux orties,
m’engraisse de tout ce que la terre m’offre sans rien me demander en
échange.
Mais déteste les menus facturés, fuis comme les créanciers le vin du
cabaret, trouve amers les mets acquis à haut coût, estime toujours trop salés
les plats de prix, bref suis farouchement opposé au remplissage de mon ventre
moyennant l’allègement de ma bourse.
Allergique aux étrennes j’ai définitivement coupé les ponts avec mes
neveux dès leur naissance. Je suis en revanche très réceptif aux cadeaux que
l’on me fait et sais remercier mes bienfaiteurs avec moult caresses et maintes
flatteries. Puisque ça ne mange pas de pain, je ne m’abstiens en aucune façon de
couvrir mes amis de remerciements.
Aux mauvaises langues qui me qualifient de pingre sordide, je leur
précise que je suis malgré tout très généreux.
En conseils divers, bonnes paroles de toutes sortes, dons d’exemples
innombrables...
En eau aussi, j’en offre à chaque fois sans compter à mes invités. Je
ne suis pas si mesquin que cela finalement.
Pour moi amasser c’est espérer, acheter c’est mourir.
Et je veux continuer à offrir encore longtemps, très longtemps plein
d’espoir et de bonne eau à mes frères humains.
VOIR LA VIDEO :
VOIR LA VIDEO :
4 commentaires:
Le Net est devenu totalement Baudelairien grâce à De Izarra !
Julien,
Baudelaire c'est Baudelaire, Izarra c'est Izarra.
Et la poule, c'est le pont vers l'ooeuf.
Raphaël Zacharie de IZARRA
Ne vous vexez surtout pas cher web-maîstre, l'adjectif 'baudelairien' n'enlève rien au lustre izarrien, ce n'est là qu'une association des plus savoureuse de mon pauvre esprit.
Brillant....Qu'il est agréable de savoir que de par le monde un être pense et ressent les mêmes choses que vous en certains domaines, malgré la désapprobation du peuple bien pensant. Nous sommes des inadaptés, mais être bien intégré dans une société malade n'est certainement pas le signe d'une bonne santé mentale.
Lorenzo de Vicari
Enregistrer un commentaire