Tandis que je somnolais, assis au bord des rêves, loin du réel, à deux
doigts de la nue, Clinchamp m'apparut dans les sommets de l'imaginaire.
Bercé par les vagues des songes et emporté par le souffle des mots, le
regard dirigé vers les nuages, je vis son clocher surgir dans mon champ de
vision. Puis le toit des maisons et tous les champs autour. Là, au-dessus de ma
tête, en plein azur, le village brillait comme un mirage, féérique,
fabuleux.
Je sentais bien que je n'avais plus les pieds sur terre et que je me
trouvais dans un ailleurs de mythe et d'idéal...
J'avais des ailes et le vent agitait follement mes plumes. Il gonflait mon
manteau d'oiseau. Et me donnait de l'envergure.
Je montai dans les airs à la rencontre de l'apparition. Parvenu à hauteur
de la céleste chimère, je fus d'emblée admis en ses murs immatériels tel un hôte
attitré. Avec ma seule légèreté pour tout passeport.
Et là je croisai des hommes, des vaches, des chats, des fleurs et des
ruisseaux. Tous éclatants de lumière. Les chemins menaient vers des horizons
cosmiques, les fossés révélaient des gouffres de pureté, le paysage s'étendait
en paix et clarté et des tombes du cimetière émanaient des tempêtes de joie
!
Les êtres irradiaient de vie, d'intelligence et d'indicible bonheur. Les
choses palpitaient de divine présence. La beauté s'imposait partout.
J'étais au paradis.
Le voyage de mon âme dans les sphères élevées de la conscience supérieure
me montrait une face nouvelle de ce lieu et des gens qui y habitaient.
Si haut où je venais d'atterrir, j'avais visiblement toujours affaire à des
ploucs en sabots et voyais tout autant de bouses de bovidés étalées sur le sol
poussiéreux que dans la réalité d'en bas, certes. Sauf que plus rien ne
s'avérait ni terne, ni lourd, ni prosaïque.
Les pesanteurs, puanteurs, déprimes et vulgarités de ce monde n'existaient
plus, masqués par le parfum mortel de la poésie.
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