Bien des gens à l'intelligence sans pénétration assimilent mes propos relatifs à la politique et à l'Histoire, qu'ils estiment choquants, à ceux des "collabos" ou des fascistes. A l'extrême opposé on m'a également accusé, pour les mêmes paroles, d'être un suppôt du communisme le plus criminel !
Parce que ces réflexions personnelles et prises de position individuelles déplaisent à ce qui constitue le socle de la société, parce qu'elles ne correspondent pas à l'air du temps, parce qu'elles tranchent si radicalement avec tout ce qui est admis dans les esprit formatés de cette république susceptible, elles sont impitoyablement huées.
La bonté, le sens de la justice revendiqués par certains peuvent être involontairement -pour ne pas dire artificiellement- façonnés par le contexte politique, historique, culturel dans lequel ils vivent, ou plus généralement par les moeurs de la civilisation, au lieu d'être le résultat de choix personnels. Ainsi certains s'enorgueillissent de ne pas manger de chiens comme le font les asiatiques... Mais ils mangent des vaches, des lapins, des cochons, confondant qualités personnelles, voire grandeur d'âme avec simple conditionnement culturel.
Quel mérite y-t-il à ne pas manger de chiens quand on est né en Europe ?
Plongés dans le fleuve de l'Histoire, beaucoup d'individus se laissent emporter par le courant dominant, quelle que soit sa direction, plus sensible à la brutale autorité des éléments en action qu'à la subtile musique de leur conscience. Pour leur bonheur il se trouve que le courant dominant correspond assez souvent à la voix -muselée- de leur conscience. Bonne pioche ! Mais nul sur le plan moral.
Si un chemin est plus souvent emprunté que les autres par des hommes que l'on pense foncièrement justes, ce n'est pas parce que ce chemin est droit mais parce qu'il est facile.
Les chemins justes ne sont pas nécessairement pénibles à emprunter, contrairement aux idées reçues. Ainsi, déduire que l'occidental est bon, civilisé parce qu'ils ne mange pas de chien est une ineptie : s'il ne mange pas de chien c'est parce qu'il préfère manger du boeuf. Les héros le sont assez fréquemment malgré eux, c'est bien connu. Rares sont les vrais braves ayant choisi le sacrifice, plus répandus sont les "courageux par défaut".
Si les Français avaient été plongés dans le même contexte que les Allemands dans les années trente, ils se seraient comportés de la même façon qu'eux. Et inversement : si les Allemands de cette époque avaient été du bon côté de la frontière, ils auraient tous été de farouches anti-nazis. Et ce, dans les mêmes proportions historiques déjà connues, indépendamment des vertus, vices, lâchetés ou courage des individus composant les nations, chaque peuple étant respectivement influencé par ses valeurs, quasiment à son insu.
Qu'est-ce qu'un traître ? Le traître est tout bêtement celui qui n'adhère pas aux valeurs de son camp, de sa terre natale, de sa patrie mais à celles du camp adverse. Ce qui n'a évidemment strictement rien à voir avec la morale ou le sens de la justice.
Selon cette définition, je suis un très grand traître à bien des égards de la même manière que les rares courageux allemands opposés au nazisme furent des traîtres aux yeux de leurs concitoyens.
On peut être traître à des valeurs temporelles, à des vertus étriquées, à des intérêts locaux, à des préférences nationales pour vouloir rester fidèle à des causes plus universelles.
Quand je tiens un discours déplaisant -mais courageux- que j'estime juste, seul contre tous, indifférent à la pression des "légalistes", à la moralité de l'époque, aux susceptibilités de la société, je suis considéré comme un traître, un lâche, un ennemi.
C'est pourtant avec ce même courage dont je fais preuve aujourd'hui face à mes détracteurs que certains Allemands inflexibles se sont opposés au régime nazi (et de manière plus générale la civilisation à la barbarie, le sage à la bêtise populaire), c'est avec la même véhémence avec laquelle on me répond ici qu'ils se firent appeler traîtres par les leurs en ces temps troublés !
L'Histoire les a réhabilités, la vérité me réhabilitera. L'indépendance d'esprit est souvent reprochée aux "traîtres" qui pactisent avec la liberté de pensée.
Le tort de mes détracteurs est de manquer de recul : empêtrés dans leurs mesquines passions patriotiques, conflits intellectuels masturbatoires et drames personnels dont la portée est limitée à eux-mêmes, ils jugent mes propos depuis leur fosse socio-culturelle, leurs conformations génétiques (les sanguins réagissent avec plus de virulence à l'éclat izarrien), sentiments populistes et autres "formatages civilisationnels" et non depuis les hauteurs sereines, détachées, objectives, illimitées du ciel et de sa lumière.
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