Il y avait du vent. Les nuages me semblaient vivants. L'air était chargé de fantômes, de promesses, de brumes informelles, de mirages...
Un mélange de bonheur et de tristesse, de pluie et de lumière, de gloire et de pesanteur. Comme une sensation de joie pure se confondant avec cette fatale torpeur issue de dimanches mortels...
En moi, de vagues sentiments d'espoir mêlés de mélancolie.
Un flou intérieur névrotique et délicieux.
Un mystère s'installait en mon âme. Je voyais du rêve à travers le réel, percevais ce qui est caché, entendais l'écho de ce qui paraît inanimé.
Je devenais l'oiseau fabuleux d'un ciel nouveau, une conscience immense dans un espace fait de sommets et d'éclairs.
L'alchimie des éléments, du beau, des célestes reflets, des formes divinement agencées de ce jour plein de souffle et de flamme, de fraîcheur et de troublantes clartés avait opéré un prodige sur mon esprit attentif : de son doigt d'éther un ange me montrait des couleurs inhabituelles, des éclats subtils, des merveilles accessibles aux seuls éveillés, des vérités suprêmes réservées aux initiés, aux poètes, aux mystiques, aux enfants enfin...
Le quotidien sublimé par cette poétique acuité, un infini venait de s'ouvrir à moi. En franchissant la porte des banales apparences, j'étais entré dans un monde aux horizons multiples, aux dimensions vastes, aux hauteurs vertigineuses, aux profondeurs mystérieuses...
Une autre Terre où j'ai toujours un pied de posé.