J’attends qu’elle vienne avec sa grosse bouille de boudeuse.
Elle est froide, méprisante et pleine de silence. Je la sais dure comme la
pierre, gonflée d’orgueil, très distante et même carrément inaccessible.
Farouchement solitaire.
Mais je l’aime.
C’est une garce aux faces changeantes mais à l’âme immuable qui se fait
désirer par tous les amoureux du monde.
Et qui leur répond avec dédain, du haut de son aire de vie.
Ou de mort.
Morbide, amorphe, semblant agoniser, elle passe pour un corps malade en
perpétuelle errance.
En réalité elle plane en rêvant de terres lointaines, d'horizons radieux et d’aubes nouvelles...
En réalité elle plane en rêvant de terres lointaines, d'horizons radieux et d’aubes nouvelles...
Insensible à mes larmes, à mes langueurs, à ma fièvre, elle se montre dans toute sa
splendeur avant de s’évanouir dans les airs, impassible, paisible, telle un
fantôme impartial.
Et je reste là, fasciné, en me remémorant son passage mystérieux...
Et je l’idéalise, ni déçu par son indifférence, ni lassé de son visage de caveau aux traits maussades. C’est même avec ses allures prétentieuses et sa
gueule de rocaille que je la trouve vraiment belle.
Elle va et vient entre brume et éther sans jamais poser le regard sur ma
minuscule personne.