Le sentimentaliste n'est qu'un névrosé inapte au réel, une dégénérescence
dévirilisée, un mâle abâtardi, un eunuque de notre civilisation en fin de
vie.
L'homme aux sentiments de midinette perd toute sa saveur, sa vigueur, sa
hauteur. Il est l'égal des pâquerettes, des chiots et des navets. D'humain, il
descend au rang de légume.
Le vulnérable à l'âme fragile a aussi la peau sensible : il la protège, la
ménage, la rend encore plus lisse. Il entretient ses féminines apparences avec
des crèmes, des lotions, des épilations...
Bref, l'adepte de la douceur n'est plus qu'un caniche à frisettes, un
moineau frileux, une demoiselle romantique...
Il n'ose pas, il a des scrupules, il s'excuse... Et même, il revendique le
droit d'éprouver ses flasques émotions de déplumé ! Et il est fier de perdre sa
crinière de lion, de ressembler à une fleurette, visiblement son modèle suprême
de masculinité triomphante...
Il n'y a que les suffragettes déconstruites pour trouver des grâces à ces
déculottés, à ces avachis hormonaux, à ces anti-testostéronés.
Moi, au contraire de ces guimauves castrées, épilées, parfumées, j'ai un
coeur de pierre et un sexe de chair.
Ni larmes ni baratin chez moi ! Je fonce dans le tas sans pincette ni
demi-mesure, je bave comme un loup, monte aussi haut qu'un aigle, fuse tel un
faucon et brûle et brille pareil au Soleil !
Je ne fais certes pas dans les violons mais plutôt dans le marteau-piqueur
: le phallus en action, l'organe à bluettes en veilleuse.
Je crache le feu et tonne ma loi impérieuse comme un orage de mille cloches
! Je suis une flèche, non une limace. Une lave, non une larve. Un tonnerre, non
un modéré.
Rien de tiède ou de mou ne bat dans ma poitrine : je n'aime que les natures
anguleuses, les éclatantes épines et les plantes venimeuses aux fruits
savoureux. Je préfère le piment fort au miel doux et la gifle de la tempête à la
caresse de la brise.
La piqûre de l'abeille me réveille et m'enivre mais son
sucre m'écoeure et m'endort.
De même, la mollesse de l'amant au tempérament de carpette me consterne,
tandis que les trophées glacés du guerrier me redonnent espoir en l'amour, le
vrai.
C'est-à-dire au vitriol.
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