Me voici parvenu sur un rivage ultime, à l'écart de tout, dans un trou
oublié du reste du monde, au coeur d'une verdure d'autant plus précieuse qu'elle
est anonyme.
C'est un bout de campagne perdu au fond d'un royaume lointain, hors des
fracas de ce siècle.
Un univers dont les charmes sont révolus, les images obsolètes, les légèretés
envolées. Comme un vieux tableau à la peinture craquelée par le temps, avec ses couleurs endeuillées par la poussière et ses dorures effacées par l'usure, et qui
continue pourtant de dégager de délicats parfums d'autrefois.
Tout un enchantement qui n'a plus cours aujourd'hui et que je retrouve ici
sur cet îlot inexploré d'herbes folles et de solitude.
Je me sens moi-même comme une âme jaunie dans ce décor de légendes
ancestrales où se croisent tous les fantômes d'un passé auquel on ne croit plus.
Je suis la dernière chandelle encore allumée de ces ruines dorées qui planent en
ce lieu, le chantre de ces morts et de leurs oeuvres ensevelies qui vous
laissent indifférents, vous qui n'avez pour racines que le sable de la stérile
modernité !
Moi, voyez-vous, je suis resté dans les terres sages et vertigineuses,
familières et cosmiques, simples et prodigieuses de l'intemporalité où dans
l'harmonie universelle se rejoignent rois et gueux, se rencontrent sommets et
horizons, se mêlent ombres et lumières afin d'y glorifier d'une même voix la
splendeur de la Création.
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