lundi 5 décembre 2022

1918 - MARGUERITE OU L'HISTOIRE D'UNE VIEILLE FILLE

Aux lecteurs alléchés nous aurions pu présenter Marguerite, le sujet central de cette histoire, comme une superbe quinquagénaire.

Une femme mûre avec de beaux restes de rêve, faite pour réveiller les appétits de l’homme blasé. L’incarnation éclatante, dorée au soleil de l’expérience, d’un l’idéal féminin qui n’en finit pas de produire des fruits savoureux au fil des ans... C’est-à-dire, dotée des charmes de la jeunesse miraculeusement prolongés au-delà de ce qui est ordinairement permis. Bref, nous aurions assuré que cette Marguerite-là se déployait tel un papillon de salon destiné à éblouir durablement les mâles. Avec tous les espoirs qu’un tableau si parfait pourrait susciter chez les adeptes du romantisme éternel.

De quoi bien commencer le récit de cette étincelante aventure logiquement vouée à se terminer en un feu d’artifices qui ne devrait raisonnablement pas s’éteindre de sitôt dans vos coeurs, vous qui lisez ces mots...

Sauf que nous serons plus près de la vérité en annonçant les vraies couleurs de la “créature” : proche du monstre, loin de vos illusions.

1 - CHOC HORMONAL

C’est la légende du pire et non du meilleur que vous allez lire ici. La folle comédie d’un hymen né pour la misère, la sinistre figure d’une guenuche conçue pour un inaccessible bonheur. Et qui devra se contenter des miettes à portée de sa bêtise. En effet, ce plaisant laideron au destin aussi prodigieux qu’acerbe, héroïne de ces écrits acides et noires merveilles, n’avait pas la totale conscience de ses limites. Le mince pouvoir de séduction de ce chardon en chignon paraissait flagrant. Un simple "détail" selon son propre décret. Un sujet secondaire, une moindre chose pas assez sérieuse pour que ses potentielles conquêtes daignassent s’y attarder...

Se croyant appétissante sous d’autres allures, la fleur flétrie nommée Marguerite comptait bien faire payer à ses futurs amants un prix immodéré pour l'accès à ses flasques trésors.

Ne fût-ce que par son seul statut de femme, cette herbe sèche pensait représenter un objet de convoitise auprès de la gent virile, qu’on le voulût ou non, et pouvoir sans effort se hisser sur un trône imaginaire aux côtés de Vénus. Quoi qu’elle fît, sous prétexte que son flanc était demeuré sans tache et son intimité en attente de saillies, elle restait persuadée de faire partie des élues prioritaires de l’alcôve.

Resplendissante de ridicule, bien à sa place dans son rôle phare de naufragée du monde moderne... Pitoyable et drolatique singerie de l’amour !

Evidemment, l’hypocrite gargouille avait de tout temps mis son insuccès sur le compte de la préservation de sa vertu. Ses froideurs à l’égard des hommes ayant toujours été farouchement érigées en flèches glorieuses destinées à l’écarter de l’enfer de l’impiété et de l’ordure du plaisir illégitime. 

Mais après des décennies d’abstinence, tenaillée par la rage du désir, le naturel avait fini par rattraper ses chimères. Et la vierge pieuse, forcée par les lois majeures de ses hormones en ébullition et de ses pensées chauffées à blanc (ces dernières commençant à se dérégler), avait décidé de devenir la plus honorable des putains.

Ni ses missels ni ses « pratiques honnêtes » n'avaient su contenir le volcan qui grondait en ses flancs depuis ses premières règles. Il avait bien fallu qu'elle se rendît à l'évidence, à plus de cinquante ans : le diable de la lubricité hurlait en elle. Les nerfs éprouvés, les humeurs fermentées, ses fantaisies tournant aux plus délicieux des cauchemars libidineux, succomber au péché était devenu une question de santé. La raison lui sembla on ne peut plus légitime.

Couverte par cette excuse, elle pouvait désormais se vautrer dans les turpitudes charnelles qui la hantaient en secret. Le siècle l'absolvait.

Elle se devait de prouver à tous son « humanité ».

A travers son imperfection, sa « chère imperfection » aimait-elle à répéter non sans orgueil, l'immodeste oie blanche voulait montrer à quelle hauteur d'humilité elle était parvenue en empruntant le chemin des concessions, marche après marche… Elle tirait gloire de ses infirmités morales, comme un gage de pauvreté devant Dieu et un aveu d'authenticité devant ses semblables.

Elle avait trouvé là une forme subtile, tordue et toute personnelle de perfection qui arrangeait bien ses affaires... Ce qui lui permettait de donner libre cours à ses pires penchants, le cœur bien pourri mais l'âme légère. 

S'accepter aussi misérable que possible la remplissait de satisfaction malsaine. Elle se sentait grandie en assumant de se rouler dans la fange, que ce fût par faiblesse ou par opportunisme. Ou pour de bien pires raisons...

De la même façon qu'un martyr accepte l'enfer de son sort terrestre par amour du paradis convoité. A la différence que la misérable voulait jouir ouvertement de sa condition de pécheresse...

Bref, se croyant dédouanée par le Ciel du fait de sa position « privilégiée », elle se résolut sans aucun remords à sauter à pieds joints dans le gouffre insondable de sa sottise.

2 - NOUVELLE TOILETTE

La porte de sa liberté sexuelle étant grande ouverte, elle se précipita avec ardeur et en toute indécence dans un bazar de vêtements de mode bon marché, l'énorme crucifix encore bien en vue entre ses mamelles absentes. Consciente de la nécessité de réformer son existence au nom de la sauvegarde de son intégrité mentale, elle n'en chérissait pas moins ses dévots ornements. Il ne s'agissait nullement de renier sa flamme religieuse, loin de là. C'était plus pervers encore : elle pratiquait la religion de l'ostentation en toutes choses, que ses intentions fussent claires ou obscure, franches ou troubles, saintes ou dépravées. L'essentiel pour elle était de faire son théâtre. 

Rien ne pouvait plus entraver son fol élan vers la déchéance. Avec sa fortune patiemment accumulée de rentière avaricieuse, elle avait de quoi se parer des pires atours afin de plaire aux hommes de son choix, c'est-à-dire à personne.

Voulant s'embellir, elle s'enlaidit tout à fait.

Et pour fort cher, finalement ! Ses goûts vulgaires, ses braises obscènes, son manque de discernement l'avaient transformée, au sortir du magasin, en véritable maquerelle. Tous les codes du genre y avaient été involontairement adoptés. Ne se rendant nullement compte de son image grotesque, l'immonde poupée de strass alla parfaire sa décrépitude chez le coiffeur. Elle en ressortit avec une tête hideuse faite d'un mélange de traits ingrats et de mèches d'or puériles, risibles, qui la déparèrent totalement. A sa disgrâce naturelle, elle avait ajouté de la laideur artificielle. Le tout donnant à sa face, à sa silhouette un aspect criard, inauthentique, esthétiquement choquant, outrageux. Précisions que, désireuse de mettre en avant la disponibilité soudaine de son hymen aux yeux des galants, la croix pectorale avait disparu sous la dentelle de son chemisier au goût douteux. Fin prête pour le grand saut dans l'abîme des plus sombres embrasements, elle espérait le vertige. C'est ainsi accoutrée qu'elle s'empressa de rejoindre son foyer de vieille fille. Et là, sans pudeur, tout à son aise, elle se farda outrageusement. Puis s'admira longuement face à son miroir, heureuse de sa transformation. Comme une vache osseuse qui se serait changée en rutilante morue.

3 - TENTATIVE DE SÉDUCTION

Sa première nuit de « femme désirable » (mais non encore désirée) fut peuplée de songes immodestes, enflammés, scandaleux. Elle s'y voyait déjà ! Entourée d'éphèbes imaginaires aux regards enfiévrés, elle rêva de chevauchées lubriques improbables, fantastiques, répugnantes... Ses fantasmes lui avaient fait perdre tout sens de la mesure et surtout, surtout, tout sens de la réalité : elle s'était enfoncée davantage dans l'illusion d'être séduisante. Elle se croyait irrésistible. Et elle l'était en effet : dans la clownerie involontaire. Définitivement pitoyable sous sa vieille peau de dépravée en mal de coïts de cirque, avec son maquillage de gugusse... La cosmétique hurlante débordait, dégoulinait, vomissait de ses orbites de déjà morte, de ses lèvres pincées, de ses pommettes anguleuses. Comme un crâne que l'on aurait peinturluré afin de le rendre encore plus affreux et macabre.

Au réveil, parfaitement conscience que des lustres de vertueuse abstinence allaient être sacrifiés, en toute justification, sur l'autel de son hygiène mentale, elle se leva triomphante, comme si elle n'attendait que ce jour depuis sa lointaine puberté... A la vérité, l'infâme bigote était plus préoccupée par le stupre lui-même que par l'équilibre de ses humeurs, la propreté de ses idées.

Elle choisit de se rendre dans la ville voisine où nul ne la connaissait, afin d'y exercer ses charmes cadavériques. Pour ce baptême du feu (et de l'ordure), elle porta le même déguisement indécent que la veille. Allié au grimage outrancier qui allait si bien avec...

Puis, parada dans la rue principale de la cité, affublée de ses odieux atours, bien décidée à remporter sa première « palme du bonheur » lors de cette pêche à l'amant... D'allées en venues, elle s'exhiba toute l'après-midi devant les commerces, les demeures bourgeoises, les passants, dans une espèce de chorégraphie nuptiale incongrue, maladroite, déplacée. Et fit sensation. Comme un sapin de Noël au milieu d'un champ de betteraves. On ne vit plus que l'horreur de sa toilette, la lourdeur de ses effets, la misère de ses faux éclats. Bientôt il ne fut plus question que de la vision de cette verrue lustrée déambulant dans l'artère principale de cette sous-préfecture où, ordinairement, le moindre événement prend des proportions démesurées. Avec cette apparition, ce fut un séisme. On se retournait sur son passage, choqué, moqueur, consterné. Et les commentaires allaient bon train. Evidemment, aucun cavalier n'alla tomber dans la toile de l'araignée. Et à l'issue de cette première journée de tentative de conquête amoureuse, toute étonnée de n'avoir point été abordée par quelque fringuant moustachu, elle s'en retourna chez elle, fatiguée, dubitative, quoique fort heureuse de cette sortie en grande pompe signant son entrée fracassante dans le monde des « repus de la chair ». Bien qu'elle restât affamée de sexe, l'hymen toujours aussi creux qu'au matin.

4 - REVUE DE VIE

Contrairement à l'homme qui est un chêne, la femme qui n'est qu'une fleur vieillit toujours mal. Sauf que Marguerite, plus proche de la ronce putride que du pimpant pétale, avait toujours été égale dans la disgrâce. Le temps sur ses traits repoussants demeurait sans effet. Piètre avantage dont elle n'avait d'ailleurs nullement conscience. Elle pensait au contraire pouvoir profiter de sa « verdeur capitalisée », comme si l'usage des rires, des plaisirs naturels et de la joie gâtait les jeunes natures... Et que leur rétention prolongeait les fraîcheurs de l'âge vernal... Elle revoyait ses années de solitude passées dans la dévotion. Et se glorifiait de n'avoir jamais succombé à la souillure, satisfaite de cette existence de renoncement qui lui conférait, au moins à ses yeux, une très haute valeur en tant que « vierge de choix ». Néanmoins elle n'oubliait pas que durant cette période d'intense piété, son horizon céleste ne s'était pas totalement maintenu au bleu fixe. En effet, partagée entre la joie amère de son célibat et la jalousie à l'égard de ces femmes qui jouissent sans entrave des plaisirs de la vie, elle s'était souvent demandé si elle ne perdait pas ses plus beaux jours à chanter le Ciel dans l'ombre des églises... Cela dit, dans l'absolu le résultat revenait au même puisque, pieuse ou non, jamais elle n'aurait pu porter les joyaux pétillants de l'érotisme. Même si elle l'ignorait, sa laideur la condamnait.

Cependant, aussi paradoxal que cela puisse paraître, elle avait connu des nues radieuses dans son olympe de rombière, certes sclérosée au fond de sa province mais loin des vacuités du monde, si près de ses idéaux de bonheur désincarné... Et c'est en toute sincérité qu'elle avait goûté à cette joie âpre, sans arrière-pensée ni aucune malice. Elle se remémorait ces années bénies où, emportée par le vent de l'ivresse divine, elle sentait que des ailes l'allégeaient, que des sentiments sacrés l'illuminaient, que l'humble extase de la messe dominicale suffisait à combler son être d'authentiques délices... Notamment lorsqu'elle écoutait les chants rituels qu'accompagnait l'harmonium. Elle avait même la nostalgie de ces moments de pureté récompensés par tant de bénédictions... Oui elle avait été heureuse, à sa manière, seule et exclue, réfugiée dans sa virginité comme sur une île déserte. Entourée de l'immensité de l'océan, avec la vue sur l'infini. Isolée, abandonnée mais inondée par les clartés du ciel et de la mer. Son horizon sans borne à elle, c'était son feu de cheminée, ses promenades au cimetière, son jardin qui ponctuait les saisons, enfin c'était également la splendeur mystérieuse du firmament au-dessus de son toit.

L'âme humaine n'est jamais faite tout d'un seul bloc. En réalité des nuances très subtiles, parfois contradictoires, constituent ces natures inattendues que nous sommes tous à divers degrés. Marguerite illustrait parfaitement cette vérité. D'autant mieux que les apparences les plus crues avaient facilement trompé les rares observateurs qui s'étaient penchés sur son cas. Ceux qui prétendaient connaître Marguerite la connaissaient fort mal. Ils faisaient vite une caricature de ce sujet d'une complexité insoupçonnée.

Elle songeait ainsi à son passé d'esseulée, de naufragée volontaire de l'amour, mais fut vite sortie de ses rêveries : la fièvre de sa féminité lui rappela l'urgence de sa situation. Elle voulut rebondir sur l'échec de sa première expédition amoureuse. L'incendie rongeait ses nerfs. Elle avait soif d'assauts virils et de flots de foutre ! Pour le lendemain, elle devrait preuve d'une incroyable audace si elle voulait devenir le réceptacle à mâles digne de son éternelle attente.

5 - SAILLIE PAR UN NÈGRE 

Plus que jamais motivée dans ses desseins concupiscents, le matin suivant, alors qu'elle s'était rendue cette fois dans le parc de l'autre ville, là-bas un inconnu l'aborda de façon brutale, en un braillement irrespectueux à peine articulé, comme si un quadrupède beuglait sur une chamelle. Le cri d'un bourricot à l'adresse d'une bête de somme. Cet âne en gros sabots qui l'interpellait de la sorte était un Noir, ivre, débraillé, désinvolte, inquiétant... Mais néanmoins bien bâti, masculin, de moeurs faciles, susceptible de désaltérer la carne desséchée de l'affreuse esseulée. Entre ces deux bipèdes-là, tout commençait de toute évidence comme une idylle animalière. Pour la première fois dans sa longue vie de chasteté, elle recevait un signe d'intérêt de la part d'un représentant du sexe opposé. Certes ce soupirant était hagard, imbibé d'alcool et peu regardant sur la qualité de ses convoitises, mais peu importe, c'était un cerf, un producteur de semence, un arroseur de roses enfin. Marguerite se prenait toujours pour une oeuvre de choix, surtout avec ses artifices vestimentaires décadents et son maquillage chargé. L'Africain considérait toute femme blanche comme un trophée, qu'elle fût banale ou séduisante. Voire franchement repoussante. D'ailleurs quelle différence à ses yeux ? Une Blanche était une Blanche, c'est-à-dire un objet de valeur à conquérir, le symbole de la réussite sociale, la richesse ultime à acquérir lorsqu'on émigre vers l'Europe. Abruti par les brumes de la boisson, le prétendant envisageait d'accéder à une autre ivresse, plus intime, émoustillé à la vue de cette vieille pintade attifée comme une autruche de carnaval. Marguerite s'approcha du gaillard, se présenta en termes choisis comme une célibataire en quête de découverte amoureuse. Sur quoi l'ivrogne lui fit comprendre en quelques grognements significatifs qu'il était l'homme de la situation et, ouvrant sans façon sa braguette, en sortit une énorme, longue, massive verge turgescente ! Surprise, paniquée, émerveillée, suffoquant d'indignation tout en soupirant d'admiration, ne sachant que faire, elle demeura pétrifiée. Tout était arrivé si vite, sa vie de névrotique abstinente allait se dénouer si précipitamment, si grossièrement, si prosaïquement ! Mais après tout, n'était-elle pas venue se jeter dans la gueule de l'ogre pour cela, précisément ? Ce qui se passa dans le jardin public ce matin-là, au fond d'un fourré, fut à la hauteur d'un inimaginable roman, le pire de tous et le plus extraordinaire à la fois : celui de la vraie vie. Des ébats immondes et sublimes, salaces et poétiques, bestiaux et romantiques eurent lieu dans le secret des buissons. 

Elle ramena cet amant improviste dans son foyer. Le tout premier luron à atterrir dans sa cellule de nonne. Elle lui fit faire ce voyage extraordinaire de la Terre du XXIème siècle jusqu'à sa bulle de recluse. Le congoïde, hilare et ravi de l'opportunité, réclama bientôt à manger. Trop heureuse de nourrir un affamé de sexe à la mesure de ses femelles appétits, elle lui proposa ce qu'elle avait de mieux : patates, pommes et pain. Le festin fut festif. A l'issue de ces triviales ripailles, les deux tourtereaux convinrent très solennellement à une durable et sérieuse union. Ce qui fut vite et bien fait, quoique rien ne prit un caractère officiel dans cette grave affaire car désormais il n'y avait plus de temps à perdre mais l'essentiel à rattraper. L'heure n'était plus aux artifices des sempiternelles séductions et mièvres promesses de fadaises, mais à la charnelle action. Les deux oiseaux s'étaient trouvés : l'un et l'autre avaient une égale avidité pour les graines de la luxure.

Leur envol vers les pics de l'impudeur et du mauvais goût s'annonçait fulgurant.

La débauchée fut présentée dès le lendemain à l'entourage du Nègre telle une prise de guerre conquise en terre blanche. Le triomphe de l'immigré fut total. Tous trouvèrent aimable, distinguée, solaire la laide et stupide femme. Pour la seule raison qu'elle était de race caucasienne. La renommée de l'exogène était faite : en séduisant cette Blanche-Neige il avait atteint le graal de tout exilé ciragé qui se respecte. En gagnant l'hymen de cette « beauté » laiteuse, l'enfant de Cham venait d'obtenir son diplôme de passage pour le paradis blanc.

C'est ainsi que, placée sur un piédestal inespéré, elle brillait autant qu'un caillou sur un tas de charbon. A travers le regard vainqueur du grand méchant loup qui l'avait étreinte, elle se sentait reine. Et trônait désormais non plus sur les toiles d'araignée sans mystère de sa maison mais sur un royaume de marécages flatteurs et d'égouts prometteurs. Un nouveau monde à explorer.

Elle entreprit donc de partir à l'aventure des sens sans plus tarder, la chair déjà bien avivée par les premiers orages de la veille...

Les jours suivants elle expérimenta donc les sommets les plus élevés de la sensualité. Mais aussi les gouffres puants du vice. Rien de ce qui en ce monde était censé incarner les « folies amoureuses » ne devait lui être étranger. Elle voulut goûter absolument à tout ce qui était connu dans le « palais de l'amour humain », à chaque étage. Des rats dégoûtants de la cave jusqu'à l'écume aérienne crachée par la cheminée. Du purin aux nuages. Elle passa ainsi sans nuance des plus poisseuses pesanteurs du corps aux plus sirupeuses légèretés intérieures, allant et venant dans la même journée entre les crudités de sa crapulerie et les puérilités de sa sensibilité. Elle s'adonna sans honte à toutes ses passions utérines autant qu'à ses fumées sentimentalistes. Ce fut une orgie de pratiques sexuelles fangeuses mêlées d'écoeurantes mièvreries romantiques. Le mélange improbable, outrancier et grotesque de la merde et de la guimauve. La niaiserie et l'infamie versées dans une même bassine de vulgarité.

6 - SAUVER LES APPARENCES

Après avoir sondé les tréfonds miasmatiques de la licence et du déshonneur, rassasiée de vins infernaux, la quêteuse de ténèbres voulut remonter dans les neiges de la respectabilité citadine. Et ce, afin de continuer à y afficher les blancheurs mensongères de son image publique. Complaire à son épicier équivalait pour elle à une sorte de rédemption. Le plus important était d'être dûment intronisée dans la boutique emblématique du boulevard où pouvait se reconnaître toute ménagère convenable. Cela suffisait, à ses yeux, pour garder la tête haute. Elle pouvait conserver ainsi des dehors honnêtes. Et même arborer des airs supérieurs.

Accompagnée de son chevalier à l'épiderme exotique qui lui tenait le bras comme le crève-la-faim s'agrippe furieusement à son gros pain acheté à la boulangerie du coin, elle se promena en ville en espérant secrètement éveiller l'envie auprès des mères de famille. Elle n'inspira que pitié et moqueries.

Elle devait avant tout, elle le croyait religieusement, attester devant chaque vitrine, chaque échoppe, chaque carrefour, qu'elle était restée intègre. Autrement dit, vieille pucelle.

Il fallait qu'elle arpente les trottoirs avec dignité en portant un masque persuasif. Un profil factice qui devait faire office de visage permanent. Bref, cyniquement au courant des rouages de la société, elle estimait que la reconnaissance dépendait directement de l'épaisseur de son vernis. Il lui suffisait d'insister sur ce seul point, rien ne pouvait être plus utile que l'exhibition de ses surfaces clinquantes. Ses profondeurs, elle les réservait à des causes exclusivement célestes. Une toute autre affaire... A revisiter en des circonstances plus congrues.

Mais revenons sur terre. Convaincre les éventuels incrédules avec des mirages éloquents revenait à gagner en toute légitimité une belle médaille à ce jeu universel de l'hypocrisie. Pourvu qu'elle goûtât aux effets bénéfiques de ce mensonge bien intentionné, la danse de ce bal tournait dans le bon sens.

L'entreprise manquait certes de noblesse, néanmoins le raisonnement sonnait juste.

(Á SUIVRE)

mardi 29 novembre 2022

1917 - Récoltes lunaires

Lorsque les lourdeurs de ce siècle m'accablent, mon esprit s'envole vers la Lune pour s'y promener sur son sol d'argent.
 
Là-bas, je me retrouve en plein silence dans un océan de paix, sondant des paysages de pierre, voguant sur des flots immobiles d'une éternité brillante.
 
Mais c'est aussi un monde tranchant et mortel où l'ombre est de glace et le jour de feu.
 
Tel un paysan sélénite, je contemple alors les champs de poussière qui étincellent au soleil, heureux de cette permanente moisson de lumière dédiée aux inutiles de la Terre, esthètes déconnectés du réel, traîne-savates et autres semelles crottées qui, comme moi, chantent les beautés aiguës de l'astre vérolé de cratères.
 
Et je m'évade dans ces prairies figées, ivre de bonheur, assoiffé d'immensités mélancoliques, cheminant entre monts adoucis et plates étendues, inlassablement, émerveillé par les clartés de ce royaume de désolation.
 
Je m'égare dans ce désert couvert de régolithe, cette neige lunaire qui blanchit tous les chemins.
 
Avec, au-dessus de ce paradis de mort, un ciel d'encre perpétuel. Et devant moi, des horizons aux promesses d'éternelle pétrification.
 
Je me perds dans ces plaines semées de fantasmes tandis que l'écume de roche virevolte sous mes pas...

Et j'emporte dans mes bottes les éclats inextinguibles de cette vaste cendre qui ressemble tant à de la poudre d'or.

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vendredi 25 novembre 2022

1916 - Je suis français de souche

Je suis français et tiens à le faire savoir au monde entier !
 
Fruit de mille ans d'Histoire, je suis l'enfant des rois, le fils des âges immémoriaux, l'héritier d'une civilisation chrétienne, l'ennemi de la République, l'adversaire de ce siècle, l'épée dressée contre les mensonges en vogue.
 
Je ne veux pas que la France devienne le sillon des ténèbres, le dépotoir de tous les délires, la mare des diables de la gauche.
 
Mon pays est avant tout croyant, couronné, brillant. Ses traditions sont nobles, sages, belles.
 
La Révolution fut un furoncle sous le soleil de Versailles, un outrage fait à l'Humanité, un crime contre les lois divines !
 
Mon sang est aussi bleu que le ciel, mon âme légère comme la dentelle de pierre des cathédrales, et mon coeur bat plus fort à l'intérieur de nos frontières !
 
Ma patrie est celle des gens honnêtes, braves et pieux. C'est la campagne sacrée de mes ancêtres. La terre  riche des chevaliers, le royaume éclatant des beaux esprits et le séjour paisible des bons sujets du roi...
 
Un paradis perdu peuplé de paysans, d'aristocrates et de troubadours. Un patrimoine de châteaux, de clochers et de jardins fleuris de roses qui m'est cher et que je pleure aujourd'hui face aux ravages du béton et du progressisme.
 
Avec, dans l'azur de la pensée générale, des rêves de bonheur à la mesure du peuple des Francs.
 
Il faut dire que le regard des descendants des gaulois, dans ces temps de vérité, convergeait universellement vers les clartés célestes.
 
Avant l'avènement de la Gueuse, l'ordre régnait.
 
Il y avait chez nous Dieu et les hommes.

Avec, pour toute lumière dans les têtes, la douce folie des anges.

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jeudi 24 novembre 2022

1915 - Lune mortuaire

Elle est là, avec son disque de lumière, pleine de sa présence de plomb, aussi fluide qu'une plume, éclatante comme une vérité de feu au coeur de la nuit.
 
Elle irradie, irréelle, à l'image d'un soleil onirique.
 
La Lune est un rêve de pierre, une pensée dans le ciel, une flamme qui glace notre monde.
 
Son visage crevé de cratères fixe la Terre et les hommes qui la peuplent. Certains d'entre eux y voient des signes mystérieux, d'autres des airs familiers.
 
Moi je perçois sur sa face une neige infinie. Une écume de mort. Un froid létal d'une pétrifiante beauté.
 
Le régolithe brille sur sa surface, semblable à un fard morbide et sublime.

C'est cette poussière blanche et funèbre recouvrant son sol qui lui donne cet aspect de majesté mortuaire, pareils aux cheveux de cendre de nos vieillards qui, proches de la tombe, sont irrésistiblement attirés par des promesses d'éternité.

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1914 - Clinchamp, cité des oubliés

Je rêve de venir m'enterrer sous le ciel tombal de Clinchamp, cette localité peuplée de morts-vivants qui semblent eux-mêmes ignorer qu'ils sont au paradis des ploucs.
 
Leur séjour hors du fracas moderne est un éden consistant en une impasse de terre et d'azur, un gouffre de silence et d'inertie, un océan de léthargie contemplative, et pour finir, une mare de rêves aussi paisibles que statiques...
 
Entre boue et verdure, bois communs et humbles foyers, ce village qui tourne inlassablement en orbite autour d'un siècle révolu s'est définitivement perdu vers de mortels crépuscules.
 
Dans son voyage suicidaire vers une utopie à la hauteur de son clocher, il a depuis longtemps accosté les rives plates de l'immobilisme rural.
 
Bref, ce cimetière hanté par des fantômes en sabots ressemble à un terminus mortuaire de la vie provinciale.
 
Mais à côté de ces lourdeurs, c'est aussi -du moins à mes yeux-, un étang de joies ternes et rustiques. Un marécage de bonheurs désuets sur lequel voguent les âmes simples et sans histoires des lieux... Un jardin de fleurs séchées, totalement ignoré du monde, qui m'attire ainsi qu'un oiseau fatigué vers une branche morte où se poser.
 
Je vois cet endroit au décor improbable, ce paysage au visage sans nom, cette campagne aux allures de néant, comme le dernier asile de mon existence lassée des mondanités, des fumées et autres vacuités que m'inflige le sort.
 
Je n'aspire plus qu'à me reposer loin des artifices de la ville et du progrès, vivre des jours authentiques pleins de clarté, de franchise, de fraîcheur.
 
Me retirer dans cet univers reculé où jamais rien ne se passe. Et où tout ce qui s'y attarde prend racine.

Enfin, retrouver les heures glorieuses de la Création, à l'image de ces aubes originelles que l'on voit apparaître chaque matin, là-bas, dans les brumes de Clinchamp, ce pays obscur aux funèbres pesanteurs et, paradoxalement, source secrète de toutes les lumières.

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mercredi 23 novembre 2022

1913 - Clinchamp, l'air de rien

Clinchamp est un rêve perdu à la beauté âpre, un éden austère aux promesses d'agonie, un long crépuscule aux lendemains sans surprise...
 
Un jardin de vent semé de solitude, chargé de cailloux, enrichi de brume.
 
Et fleuri d'aubes humides, illuminé de clartés ambigües, agrémenté d'éclatante grisaille.
 
Le tout, généreusement arrosé de mélancolie.
 
Avec pour seul allégement, un ciel peuplé d'oiseaux sombres.
 
Le paysage, apathique, dénudé, monotone, n'est qu'un râle infini. L'atmosphère est celle d'un cimetière : dans cette campagne moribonde la paix règne en maître et le silence est aussi lourd que des montagnes.
 
Là-bas l'absence rempli tout et la mort semble être l'unique souffle présent au bord des chemins ou au fond des bois.
 
Un monde sans histoire mais plein de sens pourtant, avec son océan de langueurs comme une éternité de quiétude, ses airs de modestie sous l'immensité de son espace et ses horizons bien plus vagues qu'ailleurs...
 
J'ai succombé au charme glacial de ces lieux, comme tous les amoureux des terres sans gloire.
 
Je suis un assoiffé de lumière épris d'ombre, de nuages et de grêle. Un fou d'azur en quête de pluies, de bruine, de flots aériens : je rêve de ces ondes fraîches qui palpitent dans les hauteurs pour mieux revigorer la vie d'en bas. En tombant sur ma tête ces averses abreuvent mon âme d'une joie sans égale et provoquent en moi une ivresse aussi pure que la neige.
 
En ce pays lointain j'ai trouvé de quoi déployer mes ailes : ce royaume aux apparences de vastes banalités est un jour à conquérir, un brouillard à éclairer, un songe à déterrer.
 
Un soleil sous l’humus.

Une page vierge à la mesure de ma plume.

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jeudi 17 novembre 2022

1912 - Clinchamp, sommet du monde

Lorsque je me rends à Clinchamp, je me retrouve sur une terre de nuages, les pieds posés sur un sol céleste, le regard plongé hors des siècles, loin de tout, proche des songes.
 
Ce village perdu dans des espaces sans fin et emporté par tous les vents est mon pèlerinage onirique, le sommet de mes plus humbles quêtes, le point culminant de mes jours simples, entre océan de verdure et ciel éblouissant.
 
Tout autour de ce maigre bourg, c'est le grand vide : des étendues d'air et de lumière, un désert rempli d'azur, l'infini à portée de vue.
 
En cet endroit reculé de la Haute-Marne le paysage et ses demeures forment un univers clos. Peuplé d’obscurs bipèdes, anonymes humains aspirant à devenir des petits dieux en sabots. Et pourtant jouets des forces majeures qui les dépassent... Mais également accessibles aux plus mineures satisfactions de l’existence.
 
Ce pays inconnu et lointain est un monde à part, avec ses destins prévisibles et ses fronts mornes, ses idées ancestrales et ses lois immuables, ses bois enracinés dans les légendes et ses toits séculaires, ses journées dominicales et leurs ambiances névrotiques, ses ombres et ses éclats, ses vastes pluies et ses petites gloires... Une sorte de Cosmos à l'échelle du clocher culminant vers de vertigineuses platitudes, à la mesure des habitants isolés et des chemins les menant dans des avenirs de poussière...
 
L'incarnation d'un passé terne et enterré qui s'attarde dans son trou ou bien d'un présent radieux qui brille comme un soleil, selon les critères de chacun...
 
Le commencement du réel et toutes les richesses de la mort. La source de l'étonnement et le début de la vie.
 
Bref, le néant absolu pour les blasés, la joie totale pour les éveillés.
 
Mais je sais que là-bas, ce ne sont rien que des profondeurs qui allègent le coeur des hommes et bercent les oiseaux. C'est le jardin des rêveurs et le lieu d'ivresse de la gent plumée.
 
Pour la plupart des visiteurs, on y trouve toutes les raisons de fuir. Pour les autres, de s'y éterniser. Les premiers ont des lourdeurs dans la tête, les seconds des ailes.
 
Dans cette immensité entourant la modeste commune dont vous avez déjà oublié le nom, volent les esprits, voguent les âmes et se reposent les gens sans histoire.
 
Les êtres silencieux ne sont-ils pas les plus heureux ?
 
Ce sont des voyageurs de l'éther qui, comme moi, habitent dans les hauteurs sans jamais le dire à voix haute. Ces choses-là, toutes en finesses, ne s'avouent qu'à mots couverts, tant elles se heurtent à l'incrédulité des lourdauds.
 
Sous les nues, en pleine clarté, à l'aube, à midi comme au crépuscule, étendu dans l'herbe, je contemple la Création dans la paix d'un éternel dimanche.
 
Et je ne suis plus qu'une flamme, les yeux dirigés vers des heures bleues et des horizons purs.

A l'image de cette cité aux apparences anodines dont nul citadin n'a jamais entendu parler, je crois que le vrai bonheur n'est jamais spectaculaire.

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lundi 7 novembre 2022

1911 - La pollution, c'est la vie !

Respirer, bouger, transpirer, excréter, donc vivre, c'est nécessairement "polluer".
 
Entendons-nous : on a  donné une connotation négative au terme "polluer". Là est la grande erreur. Une hystérie s'est développée à partir de cette fausseté. Dans ce contexte passionnel, les mots ont pris une telle ampleur qu'ils ont fini par brouiller les concepts les plus élémentaires et abolir les capacités de réflexion des êtres les plus sensés, jusqu'à l'irrationnel.
 
Dans ce climat de folie, l'écologiste a l'impression que nos ordures, c'est-à-dire les poussières, les gaz, les détritus en tous genres "salissent" la planète. En réalité ces scories de nos activités entretiennent, renforcent, et même enrichissent l'écosystème.
 
Les adorateurs fous de la verdure ont choisi arbitrairement, subjectivement de désigner par ce vocable "pollution" tout ce qui atteint leur sensibilité, en dehors de toute compréhension objective de ce phénomène.
 
A l'état naturel la "pollution" (autrement dit la production de déchets, de rejets, l'apport de corps étrangers, l'intrusion de matériaux, de germes, de substances dans des milieux inadéquats) existe depuis toujours, en dehors des hommes.
 
En effet, le vivant ne cesse d'exercer son empreinte partout autour du globe : excréments, expirations pulmonaires de "l'air vicié", urines, décomposition des algues, des végétaux, des cadavres... Crachats volcaniques qui noircissent le ciel et déclenchent des feux de forêts, réduisent en cendres des savanes, illuminent "artificiellement" les nuits. Rivières qui débordent et noient la faune et la flore... Etc. Les exemples de dégradations d'origine purement terrestre sont multiples.
 
Lesquels ne sont rien que des engrais, en fait.
 
Des trésors chimiques, minéraux, sulfuriques, calcifères, carbonés, putrescents qui interagissent bénéfiquement avec l'environnement pour le régénérer, le transformer, le renouveler. Bref, des émanations "nocives" et des chocs qui en définitive contribuent sainement au fonctionnement vital de notre sphère bleue...

Le "pollueur" n'est que le bras de Gaïa. Au même titre que la bouche volcanique qui vomit son "poison" ou l'été incendiaire qui brûle de vastes étendues sylvestres.
 
La dynamique de ce qui est organisé, actif, de tout ce qui vibre et palpite, ce sont précisément ce que les défenseurs du retour à l’état primitif nomment des “agressions”, des “nuisances”, des “contaminations”. 
 
Pour le dire plus sereinement, ce sont tout simplement les forces en action, les oppositions des éléments entre eux, les luttes entre les contraires, les combats pour l'accès au Soleil, le feu contre la glace, la chair contre le roc, le fort contre le faible, le dur contre le mou, la loi du plus vif, etc.
 
“Agressions”, “nuisances”, “contaminations”, rien que des désignations dépréciatives utilisées par ces alarmistes aspirant à végéter dans leur bulle verte... Ils appréhendent le réel avec leurs oeillères en choisissant d’appeler un chat un chien, et par conséquent l’ordre le désordre.
 
En préférant leurs rêves au réalisme, ils ont fini par voir des noirceurs dans la nuit et des artifices dans le jour. Aveuglés par leurs vues étriquées, ils ne perçoivent plus la clarté des évidences.
 
Ce qui subit les attaques (plantes, animaux, prairies, mers, azur, lacs, etc) est forcément ce qui est debout, chaud, animé, lumineux, imbibé de sève, plein de flamme, rempli de sang, ivre de bonheur... Et ce qui y résiste est fatalement vigoureux, entreprenant, heureux d’exister ici-bas pour se battre et grandir ! C'est le jeu de la VIE par définition, la dynamique de la Création.
 
On devrait plus justement parler de "stimulation" et non de "pollution". Et remplacer dans les esprits les sombres corbeaux par les claires colombes, le mensonge par la vérité, les catastrophes imaginaires par les harmonies vraies.
 
Un monde sans "impuretés" est un monde mort. Immobile, pauvre, stérile, éteint.
 
Sans fumier, point de fruits. Sans fumées d'usines, point de résilience. Sans virus, point d'anticorps.
 
Pourquoi, dans la tête d’un disciple de la régression, un chimpanzé qui chie serait plus acceptable qu'un humain qui roule dans une voiture à essence ? Les deux impactent leur milieu à leur manière : le quadrumane avec son instinct de défécation, le bipède avec les éclats de son intelligence.
 
Le premier fertilisera bêtement le sol, le second comblera astucieusement le profitable inachèvement de l’oeuvre divine par son génie et sa créativité.
 
C’est exactement la raison d’être du conducteur de moteur à explosion : il a été jeté dans cet asile de la matière pour la modeler, l’affiner, la mettre à son service afin de se perfectionner lui-même en tant que mortel conscient de sa place immense, centrale sur Terre.
 
La seule différence entre le penseur et le singe est là. Mais fondamentalement l’un comme l’autre font partie du grand show cosmique consistant à augmenter la lumière de l’Univers.
 
L’Humanité avec ses inventions, ses améliorations de la glaise brute, ses aménagements de la nature, sa domination de la friche qu’elle change en jardin du paradis, sa capacité innée à civiliser la sauvagerie, agit sur ce qui l’entoure comme un agent fructificateur et non destructeur.
 
Bien entendu, il ne nous est nullement permis au nom de notre prééminence sur tout, de corrompre ou d’anéantir les cadeaux du Ciel, de dévaster ce qui a été créé ou de faire souffrir les bêtes, loin de là.

Il s'agit seulement de nous servir avec raison (et respect), mais non sans zèle, de ce qui est à notre disposition comme d'un tremplin pour nous envoler vers l’infini.

Non, nous ne sommes pas la calamité de ce siècle ! Mais au contraire l’équilibre universel, la mesure de tout, le salut sublime...

Et la providence des étoiles.

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dimanche 6 novembre 2022

1910 - Seule au monde ?

La Lune est une terre dure comme la pierre, une mer de dunes et un désert sans fin.
 
C'est une contrée sans nulle âme, dénuée de vie. Pas un souffle. Ni de vent, ni de bête.
 
Pourtant ce royaume de néant est plein d'attraits. Son sol est un rêve solide et ses horizons sont peuplés de paysages d'âpre poésie.
 
Sur ce globe de désolation règnent l'absolu silence, l'éternelle absence, la majesté du rien.
 
L'inertie des éléments, l'éclat de la mort. La beauté pour la beauté.
 
Les ténèbres comme la lumière y sont tranchées. Ainsi que la glace et le feu. Tout y est clair ou noir. Et l'attente y est vaine : il ne s'y passe pas la moindre histoire, à des siècles de distance.
 
Des millions de jours et de nuits s'y écoulent, tous pareils. Les images y sont les mêmes, inchangées, immuables. Sur cet autre monde les roches sont gelées ou brûlantes mais ne bougent point.
 
Les ombres seules, qui naissent à l'aube pour s'étendre jusqu'au soir, animent cet océan immobile.

Mais parfois aussi, cette planète jaune reçoit la visite d'êtres étranges dans leur maison volante, créatures baroques, folles et mystérieuses appelées "cosmonautes".

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mercredi 2 novembre 2022

1909 - Le Ciel et la Terre

(D'après un tableau du peintre Aldéhy)

Voici le Ciel et la Terre, l'auteur et l'oeuvre, la souffrance et la sainteté, la mort et l'infini.
 
L'innocence a vaincu le péché comme le jour fait disparaître la nuit : en douceur, par la simple vérité de l'aube qui s'impose.
 
C'est l'autorité du Soleil, la beauté de l'azur, la force du bien.
 
Et l'universalité de l'amour.
 
La puissance, c'est l'enfant. La vertu, c'est l'homme. La flamme, c'est le divin.
 
Et l'humilité, la femme.
 
Elle est le silence dans l'ombre, la procréatrice qui tremble et qui pleure, la servante qui donne.

C'est aussi la gloire de son âme immense.
 
Tels sont les mystères du sort humain, la condition des êtres nés pour mourir, l'intangible héritage des siècles, depuis que le monde s'est incarné.

Et le verbe qui s'est fait chair est devenu le sang rédempteur retourné vers la Lumière.

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dimanche 30 octobre 2022

1908 - Lune de haut vol

La Lune est l'amie des morts, l'alliée des ombres, l'aimée des âmes légères, la lumière des esprits.
 
Elle éclaire les heures amères de la Terre de ses rayons de miel.
 
Et jette des lueurs de doute sur les têtes en l'air qui oublient sa magistrale présence, négligent ses allées et venues, ignorent son influence.
 
Elle ne projette des jours sombres que pour les frileux, les frêles fleurs et les endormis. Mais illumine l'antre des loups, brûle le coeur des rats en joie et enflamme les lyres qui chantent en son  nom !
 
Elle brise encore les prisons névrotiques de sa poésie libératrice.
 
Sa clarté nocturne améliore nos vues sur nous-mêmes, les hommes et le monde : en estompant nos traits grossiers et en allégeant nos vies de leurs semelles de plomb, elle rend plus belles nos faces de mortels et plus douces nos douleurs de lourdauds.
 
Quand elle passe dans la nue, elle attire les regards des êtres assez détachés du plancher des vaches pour daigner s'attarder sur son visage céleste.

Mais surtout, inspire des feux sacrés à tout ce qui est paré d'ailes : oiseaux, poètes, enfants, chauve-souris, vieillards, vagabonds, amoureux, moribonds...

Elle est l'éclat secret des poitrines qui battent et des pierres qui rêvent.

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samedi 29 octobre 2022

1907 - La Lune s'allume

La Lune s'allume dans la nuit et illumine les nues de ses rêves gris.
 
Le globe lunaire vogue dans l'océan nocturne. Mais également, quasi invisible en plein jour, dans la démesure de l'azur, solitaire. 

Peut-être en quête d'oubli ou d'éternité, qui le saura ?
 
Ses journées sont fades, toutes pareilles, tristes et silencieuses. Mais sa destinée est éclatante : elle porte la flamme du Soleil jusque dans l'ombre de la Terre, éclairant vainement les dormeurs mais apportant de l'espoir aux veilleurs et de la lumière aux égarés des chemins dépourvus de chandelle.
 
Son visage de pierre et de cratères est lourd, mais son vol léger.
 
Elle passe dans le ciel comme un papillon aux ailes sidérales. C'est un astre spécial qui ne ressemble qu'à lui-même, quelle que soit la face qu'il nous montre.
 
Le mystère l'embaume et la mélancolie l'habite.
 
Passages après passages, ce cadavre céleste nous raconte sa morne existence d'étoile éteinte.
 
Et sous nos regards interrogatifs, continue de mener sa vie de mort-né.

Dans son rôle à la fois humble et glorieux de grain de poussière du Cosmos, tournant encore dans l'espace pour des temps infinis.

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samedi 22 octobre 2022

1906 - Nuit sombre

À minuit passé, on toqua à ma porte.
 
Armé de ma chandelle, j'allai voir qui frappait au seuil de mon foyer à une heure aussi indue.
 
- Qui va là, demandai-je d'une voix hésitante ?
 
- C'est moi Séléné.
 
- Et... que voulez-vous ?
 
- Je viens chercher le gîte.
 
- Comment cela ?
 
- Ouvrez-moi, c'est urgent. J'ai peu de temps. Je vous expliquerai.
 
J'osai le risque de la folie en accueillant chez moi la mystérieuse présence nocturne...
 
Je pensais avoir affaire à une femme, en fait il s'agissait d'un visage de rocaille avec un corps de nébulosité paré d'un voile de poussière. Comme un marbre embaumé de brume, une face énigmatique incarnée dans une statue de sel.
 
L'apparition me fixait de son regard crépusculaire et me dit :
 
- Je me suis égarée dans le noir à travers champs.
 
En effet, je constatais que dehors, les ténèbres étaient inhabituellement denses.
 
Elle reprit :
 
- Figurez-vous que j'ai momentanément perdu la boule. En attendant que la raison me revienne, faites-moi une place dans votre lit. J'ai besoin d'un peu de repos au chaud. Demain à l'aube, je serai déjà partie.
 
C'est ainsi que je partageai ma couche avec ce fantôme sidéral. Et plongeai dans un sommeil lourd, sans rêve.
 
A l'aurore, je me réveillai seul avec à mon côté les draps encore froissés laissés par mon étrange hôte. En sortant, je m'aperçus que la Lune était là, juste au-dessus de mon toit.

Plus tard, j'appris que cette fameuse nuit où je reçus l'extraordinaire visiteuse eut lieu une éclipse totale de l'astre.

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mercredi 19 octobre 2022

1905 - Soupe de Lune

En octobre la Lune semble mûrir comme une citrouille dans son potager stellaire.
 
Elle suscite en moi des appétits vespéraux pour un bol de flammes aux parfums oniriques.
 
En la voyant grossir tel un fruit de saison dans l'horizon céleste, j'ai envie d'en faire une soupe orangée et sucrée, ainsi qu'on le fait avec les stars de nos jardins qui finissent en potage ou en tartes.
 
Bien que mon dîner soit plus éthéréen que terrestre...
 
Je laisse au commun des mortels la pulpe et la sève des récoltes de l'automne. Moi, je préfère m'abreuver de la clarté de l'astre et me nourrir de ses pierres.
 
Ma faim est poétique avant tout. Et ma soif toute désincarnée. Mon ivresse n'est pas de ce monde. Je veux avaler non des légumes mais de la lumière. M'alimenter non pas de patates mais de beauté. Je ne suis pas intéressé par les trésors horticoles poussant sous nos pieds mais par les rêves qui font pousser des ailes dans le dos.
 
Je vise non pas le sol temporel et ses promesses alimentaires mais les hauteurs éternelles où pourra se déployer mon vol sans fin.
 
Je suis un papillon de l'humus.

En ce mois d'or et de feu aux arbres pleins d'offrandes et de feuilles dorées, je n'ai de regard que pour le globe couleur de miel.

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mardi 18 octobre 2022

1904 - Puretés raciales

A chaque couleur de peau correspond une identité forte.
 
L'aspect des bipèdes que nous sommes, issus de souches spécifiques, n'est nullement anodin. Au contraire, les innombrables physionomies existant autour du globe témoignent de ces différences cruciales ancrées dans nos gènes, nos cultures, nos terres, nos histoires, nos légendes, nos sensibilités, nos moeurs.
 
Ce sont précisément toutes ces variations humaines avec leurs inégalités physiologiques, leurs oppositions religieuses, leurs horizons philosophiques, leurs sommets civilisationnels, leurs divergences historiques, mais aussi accompagnées de faveurs climatiques pour les uns ou de difficultés environnementales pour les autres, qui enrichissent notre planète.
 
Bref, ce sont les irrégularités du terrain humain qui donnent sa saveur au monde.

Telles sont les valeurs des races qui reflètent des univers multiples.
 
Il y a autant d'étendards raciaux qu'il y a de types faciaux.
 
Les gauchistes, qui sont des gens racistes, veulent mélanger toutes les fleurs de la Création pour les faire disparaître. Ces ennemis des porteurs de sang pur aimeraient remplacer l'arc-en-ciel de l'Humanité par un métissage massif. C'est-à-dire, un brouillard généralisé uniformisant les mortels de la tête aux pieds.
 
Comme s'ils étaient incolores, inodores, interchangeables, clonés, déracisés.
 
Mais non, nous sommes tous des fruits divers avec des pelures qui ne sont pas les mêmes, des formes épaisses ou allongées, des charmes plus ou moins légers, des attraits doux ou rudes. Nous sommes tous des corps et des esprits ayant des capacités pour tels arts, des compétences pour telles activités, des intelligences adaptées à nos milieux, etc.

C'est pourquoi je désire que soient préservées les sèves amères et sucrées, âcres et salées qui composent l'océan des hommes.

Et représente le visage de Dieu.

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samedi 15 octobre 2022

1903 - Lune-pizza

Par un soir sans pain ni feu rempli de solitude et rongé d'ennui, mon ventre se mit à rêver d'un horizon consistant : un éther composé de trésors aux terrestres saveurs, un cosmos comestible plein d'aliments lumineux, un paysage stellaire proposant une nourriture d'or et de flamme.
 
Bref, un festin de firmament.
 
J'avais une faim de vagabond aux semelles d'enclume : ma tête certes débordait d'étoiles mais ma panse demeurait aussi creuse qu'une cloche.
 
Et je trouvai, à travers le disque lunaire roulant dans l'empyrée, de quoi combler mon appétit d'esthète affamé.
 
Séléné m'apparut, véritablement, telle une pizza tandis que mon corps criait famine.
 
Je la dévorais des yeux, la convoitais comme un énorme gâteau derrière une vitrine. Elle était belle, dorée, chaude... A la place des cratères, je voyais des trous dans du gruyère et sur ses bords je devinais de la mozzarella qui brillait. L'odeur de sa croûte jaune parvenait jusqu'à mes narines et allumait mon âme...
 
L'astre se présentait à moi, en cette heure cruciale du dîner, j'en fus persuadé, avec une face de pâte à l'huile d'olive garnie de délices salés...
 
Enrichie de garnitures éclatantes, plus blonde que jamais avec ses ingrédients précieux, la présence astronomique irradiait d'attraits gastronomiques dans l'espace nocturne.
 
Et je crus vraiment voir le visage d'une "quatre-fromages" au fond d'un four céleste. Je fus émerveillé par l'alléchante apparition.
 
Et bientôt rassasié de beauté, j'en oubliai finalement de satisfaire les nécessités de ma chair et allai me coucher sans rien manger.

Au matin, je rompis mon jeûne avec un cadeau tombé du ciel accompagnant mon café.

La Lune m'avait offert, en effet, un énorme et providentiel croissant.

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mercredi 12 octobre 2022

1902 - La grande question

(D'après un tableau du peintre Aldéhy)

Ce globe peuplé d’âmes est la passion du sauveur du monde.
 
Dans le creux de sa main repose toute la légèreté du Ciel.
 
C’est-à-dire l’avenir de la Terre, le poids des péchés à laver, la multitude d’hommes à éclairer.
 
La Création n’est pas qu’une flamme divine, pas seulement un miracle, non une simple grâce. C’est également une question aussi vaste que l’Univers : pourquoi ?
 
Une interrogation qui embrasse l’infini, inclut le mystère, contient même sa propre source...
 
La réponse se trouvera en chacun d’entre nous. Et pas ailleurs. Tel est le lot des humains que nous sommes : dépasser nos petitesses afin d’atteindre la lumière. Cette clarté céleste qui est le centre de nous-même. Comme un soleil qui s’allume pour faire surgir le jour, et ainsi devenir une fin en soi, justifier sa raison d’être, nous devons nous lever et monter, pour ne plus jamais redescendre vers la nuit.
 
Tel est le sens de tout ce qui est.

Cette sphère d’azur où viennent naître les enfants de Dieu est l'explication ultime.

C'est l'acte fondateur du Créateur.

Nous sommes sa plus grande oeuvre d’amour.

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mardi 11 octobre 2022

1901 - Amiens

Amiens, ville triste aux sommets pleins de pesanteurs, fut le premier horizon de mon enfance. Une sorte de grand ciel sombre situé par-delà les bois et les plaines, loin de mon village.
 
Je percevais la capitale du département depuis la hauteur de mes douze ans. Avec un regard double, naïf et acerbe : celui du corbeau des champs et celui du papillon des jardins. C'est-à-dire un mélange de nuages et de Soleil, de neige et de suie, de vagues et de flammes.
 
J'avais déjà des ailes pour survoler le monde et le voyais entre l'ombre et la lumière, le caniveau et l'azur, la ronce et la fleur. Et considérais par conséquent les choses non platement mais avec la vigueur de mes sentiments graves et frivoles.
 
Bref, cette Babylone du royaume de la betterave me paraissait aussi sinistre que sublime.

Brillante comme le charbon.
 
En effet, la cité picarde endeuillée par la brique, figée dans une ambiance mortelle -et cependant magnifiée par sa cathédrale-, a un charme crépusculaire.
 
Et ressemble à un vaste cimetière.
 
Un lieu de peines et de pluies hanté par des âmes vivantes et des endives mortes, des astres pâles et des coeurs lunaires. Le peuple amiénois est une mer de ténèbres qui a le sourire.
 
En cette agglomération du nord coule le plomb des siècles et remontent les brumes de la nuit. C'est une vieille gargouille qui a l'habitude des larmes. Ce qui lui confère ce visage spectral, cet air morne, ce teint noir. La grisaille alourdit ses pavés et l'averse fait sangloter ses toits. Et l’été qui rayonne en vain sur son éternelle langueur n’arrange rien à la situation. L'éclat de la flèche gothique rivalise avec la morosité de la Tour Perret : l'une désigne un âge stellaire, l'autre des jours d'agonie.
 
En toutes saisons, les rues de ce chef-lieu sont hivernales et les gouttières débordent de regrets.
 
Mais aucune année n'y est mauvaise pourtant car il y a, pour alléger cette préfecture maussade, les hortillonnages, Ché Cabotans, ainsi que les macarons.
 
Sans omettre la frite qui se marie à merveille à la bière.
 
Vous qui venez du sud ou bien d'ailleurs, vous serez toujours les bienvenus dans ce pays de craie, de flotte et de déprime qu'est la Somme.

Et n'oublierez jamais son plus terne joyau, Amiens.

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dimanche 9 octobre 2022

1900 - Pleur de Lune

Elle porte une robe de défunte, une couronne de tristesse et se pare d'un masque de lumière. En réalité sa face visible n'est qu'un leurre de pudeur.
 
Quand elle brille, elle se cache pour mieux pleurer dans son ciel de solitude, la Lune.
 
Elle a la couleur de la mélancolie, l'éclat du chagrin, le visage de la misère.
 
Avec ses traits de pierre et ses cratères pleins d'ombre, elle ne songe qu'au malheur.
 
Son front est glacé et de ses joues n'émanent que de plats rayons. Sa flamme n'est qu'apparente : cette torche céleste qu'elle incarne faussement n'est rien qu'une illusion.
 
Sous ses allures de flambeau, l'astre est une tête éteinte aux jours finis qui ne pense plus qu'aux mortelles étreintes de la nuit.

Elle est devenue la reine de la mort et la graine de l'amour.

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vendredi 7 octobre 2022

1899 - Rêve d'amour

Ce matin en me réveillant, mes draps étaient parfumés de mystère, aussi légers qu'une toile d'araignée, nébuleux tels des nuages : ma nuit venait d'être peuplée de fantômes séduisants, envahie d'étoiles étranges, chargée d'images d'éther et de visages de pierre.
 
Je vis dans la clarté de l'aube ce que j'avais vu dans mon sommeil : une face de femelle au sourire de fauve, aux cheveux de sorcière, au corps de déesse. Une amazone à tête d'astre. Un animal avec des traits de feu. Une figure stellaire aux allures de Lune. Un Soleil jetant des flammes de givre, tranchantes et mortelles.
 
Cette apparition venue de si loin me mit en joie, m'effraya délicieusement, me brûla le coeur et me gela les os. Avec son air carnassier, son regard de mouche et ses lèvres sanguines, cette présence, exact reflet de mon rêve, inspirait l'amour.
 
Le vrai, le beau, le dur.
 
Sortie des profondeurs, issue de l'insondable, née des immensités, cette femme était une parfaite inconnue.
 
Mais elle était là, devant moi, et me fixait de ses yeux globuleux, comme une ogresse affamée de chair virile ! Cherchait-elle à se nourrir de la lumière de mon front, des ténèbres de mes désirs, des horizons de mon âme ?
 
Elle la glace, moi la neige. Elle le granit, moi le marbre. Elle le jour, moi l'azur.
 
Elle m'adressa des mots à la fois clairs et inaudibles. Entre obscurité et illumination. Ses paroles lourdes de pensées vraies me percèrent ainsi que des flèches. Elle me parlait en effet de l'essentiel, rien que du plus important.
 
Elle me dit ces choses que je savais déjà mais que j'avais peur d'entendre :
 
"Alors espèce de radin, quand est-ce que vous allez m'augmenter ? Je vais pas continuer à me coltiner les poussières pour un salaire de misère !"

Je m'aperçus alors que j'avais affaire à ma femme de ménage.

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mardi 4 octobre 2022

1898 - Vive le patriarcat !

Rien de plus éclatant sous le ciel des mâles triomphants et des femelles bien élevées, dociles et heureuses de l'être, que le modèle patriarcal.
 
Je ne remets pas en cause cet ordre établi qui a fait ses preuves en lettres d'or dans l'Histoire humaine. Le socle des sociétés masculines est un granit supportant une montagne d'inébranlables certitudes millénaires. Et son sommet est un azur de stéréotypes phallocrates où s’envolent dans la joie les féminins volatiles ayant offert leurs plumes à leur seigneur couronné de virilité...
 
Mars est de feu, Vénus est de lumière. Entre les deux, c'est l'alliance féconde et harmonieuse de la force et de l'obéissance, du loup et de l'agnelle, de l'épine et de la fleur.
 
Dans le saint foyer où des choses considérables s'opèrent, loin des mensonges du siècle et des mirages du monde, les natures s’ajustent en douceur et les âmes s'accordent sans heurt. C’est là que les sorts se scellent réellement. Et la soumission de la cuisinière au guerrier devient un pacte sacré. La mère donne l'exemple à la fille, le père montre au fils le chemin vers le Soleil et le patriarche fait appliquer ses sentences à tous.
 
Telle est la grande hiérarchie d'inspiration divine, l'autorité éternelle issue des lois cosmiques, le juste agencement des causes primordiales. Il en est des humains comme des astres : les uns brûlent pour que les autres soient éclairés, et tous brillent finalement. C'est cela le vrai partage des fruits entre les sexes, l'échange des richesses : le maître protège son esclave, la proie reçoit la considération de son chasseur, la chienne respecte son dresseur.
 
Bref la femme admire l'homme.
 
Ce dernier demeure avant tout et depuis toujours un lion plein de flammes qui cherche à foudroyer la gazelle de son glaive de chair ! Et le gibier en jupons, fébrile, n’attend que le coup fatal du bras armé sur son échine, espère sentir la poigne martiale se refermer sur sa féminité, rêve de voir le prédateur brandir l’épée qui tranchera son destin, désire se faire couvrir par la poitrine du taureau enfin, pour pouvoir s’y blottir avec amour...
 
Le féminisme chez moi, ça n’existe pas.

Les vérités de la Création sont immuables, universelles, admirables, c'est pourquoi cet idéal de bonheur conjugal ne changera jamais sous mon toit, Dieu merci !

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mercredi 28 septembre 2022

1897 - La libellule

(D'après un tableau du peintre Aldéhy)
 
C'est une petite fée des planches, une fillette vêtue d'étincelles et parée d'ailes, prête à s'envoler.
 
Elle tourne, virevolte, s'allège...
 
Et puis monte.
 
Du moins, on a l'impression qu'elle s'élève dans les airs. En réalité elle ne décolle pas vraiment mais on se l'imagine aisément, tant la chose nous semble évidente.
 
Dans ses gestes, sur son front, à travers son regard, au fond de son âme, il y a le ciel.
 
Un espace sans fin où s'expriment toutes les beautés de la Terre.
 
La ballerine danse dans l'azur, ses bras sont comme des élytres, ses jambes aussi fluides que des plumes.
 
Et, imperceptiblement, dans les esprits la demoiselle se métamorphose en libellule... Miracle de l'Art !
 
Cette chorégraphie savante, formelle, codifiée, représente le chant de l'Homme adressé à son Dieu.
 
L'étoile noire brille sur la scène. 

Et les anges la secondent dans l'infini.
 
Le public est fasciné par cette flamme qui éclaire non seulement la salle, mais aussi l'Univers entier. Le temps se fige. Et la minute d'exaltation devient éternité.
 
Et puis vient le moment où les projecteurs s'éteignent. Le petit astre quitte la piste et se défait de ses artifices pour se rhabiller.

Et redevient une simple enfant pleine de rêves dans la tête.

jeudi 22 septembre 2022

1896 - L'eau qui m'éclaire

Burcu Günes, toi l'astre, toi le lustre, toi l'illustre, toi la turque, je suis ton luth, ta lyre, ton cantique égotique.
 
Toi la femme, moi la flamme. Toi les airs, moi les mots. Toi l'aile, moi la plume.
 
Tu es le papillon, je suis le vampire.
 
Tu es blanche, je suis brûlant. Je te sais aussi douce que la rocaille, tandis que je flamboie comme un chardon. Tu es la légèreté incarnée, l'image des nuages, et pour te donner plus de poids encore, je t'apporte le venin des fleurs.
 
Toi l'azur, moi la bavure.
 
Tu souffles, je postillonne. Je suis un rat qui fait de l'art. Un vautour au bec de vérité. Un loup aux crocs célestes. Je ne fais pas dans la dentelle mais dans l'authentique.
 
Tu brilles et j'éclate. Toi l'encaustique, moi le caustique.
 
Ta face de Vénus met le feu à ma flamberge de Mars. Et mes terres rejoignent tes horizons pour y célébrer des crépuscules de sang.
 
Toi la pluie, moi l'alambic. Toi la muse, moi la cornemuse. Toi la tempête, moi la trompette.
 
Tu es l'herbe folle, je suis le verbe qui vole.
 
Je glorifie la rose en prose, tu chantes la rosée du Bosphore. Je suis l'écris, tu es le cri. Je suis l'encre, tu es la sève.
 
Tu plantes tes flèches dans ma cuirasse. Dure est ma race, pure est ma carcasse, claires sont tes ondes. 
 
Moi le marbre qui siffle, toi l'eau qui murmure.

Je suis la flûte, tu es la flotte.

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mardi 20 septembre 2022

1895 - Une question de clarté

Toi la blonde face, toi la douce présence, toi la flamme lointaine, tu as éclairé mes nuits froides de ta tiède lumière, animé mes rêves de tes images de pierre, peuplé mes pensées vides de tes ondes pleines de poésie nocturne, rempli mes heures perdues de ton seul éclat.
 
Et même, créé des ombres glorieuses sur notre monde endormi où tu rayonnes sans partage.
 
Par aucune étoile je ne pourrais remplacer ce feu que tu incarnes, toi la Lune.
 
Pas même une femme n'est capable de rivaliser avec ta céleste beauté. Et nul paysage terrestre ne saurait m'éblouir autant que tes tristes contrées figées dans le silence sidéral.
 
Le blanc régolithe te recouvre telle une neige éternelle : même ta poussière est d'or.
 
Tes plaines et tes monts unicolores ressemblent à une mort vaste et sublime, à une désolation lumineuse, à un océan de paix et de mélancolie.
 
Tes roches sont comme des ossements jonchant ta surface sans vie. Et ces formes vagues et diverses qui gisent sur ton sol sont les seuls hôtes que tu abrites.
 
Certaines d'entre elles semblent être des silhouettes d'hommes ou d'animaux. Mais ce ne sont que des chimères, de simples cailloux, des figures lunaires semblables à des crânes, que l’on a tendance à imaginer avoir été habitées jadis par des âmes...

Juste parce que sur leurs angles et arrondis, on y voit un peu de clarté.

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lundi 19 septembre 2022

1894 - La Lune dort

Elle est plus aimable que le Soleil qui l'allume et la fait briller : je peux la fixer en face et lui adresser les orages de mon être en larmes ou en joie.
 
Et contempler pour le reste de la nuit son visage de marbre et de glace.
 
Quand je la vois irradier, j'ai l'impression qu'elle dort depuis toujours et que ses rêves permanents se transforment en lumière, que ses pensées enfouies deviennent visibles sous formes de rayons incolores.
 
Bref, qu'elle brûle de poésie à travers son éclat onirique.
 
Plongée dans son sommeil éternel, la Lune arrose notre Terre de ses fantasmes d'astre léthargique.
 
Et, peut-être, fait sortir de notre sol les lombrics nocturnes aspirant à plus de légèreté.

Et fait jaillir d'autres sortes de vers du coeur des hommes, pleins de verve et de démesure.
 
Permettez qu'ici je vous en parle en prose pour mieux vous la chanter.

Sans fard ni artifices phraséologiques, mais dans la vérité crue de mon âme de verre.

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Liste des textes

2462 - Aucune visite
2461 - Des ombres me parlent
2460 - Une porte s’ouvre
2459 - Les passages du temps
2458 - Le train des jours
2457 - Le directeur
2456 - Au pied du mur
2455 - La loi du plus “fer”
2454 - Ma maison
2453 - Poussière
2452 - Les larmes de la nuit
2451 - Mutisme
2450 - Mon fantôme
2449 - Hallucinations
2448 - Je compte les jours
2447 - Vie de flamme
2446 - De vagues souvenirs
2445 - Les étoiles s’éloignent de moi
2444 - Eclats de joie
2443 - Je parle aux murs
2442 - La marche des matons
2441 - Sainte à l’air
2440 - À l’ombre de ma vie
2439 - Ma geôle sans sucre d’orge
2438 - Des ombres
2437 - Les feuilles
2436 - Quelle issue à mon chemin ?
2435 - Des ailes dans la nuit
2434 - Éclat d’ange
2433 - Le temps me tue
2432 - Les flammes du silence
2431 - Plus de Lune
2430 - Un jour de plus
2429 - Mes rêves
2428 - Une journée ordinaire
2427 - Reine d’un monde
2426 - La pluie
2425 - Je perds pied
2424 - Un oiseau à ma fenêtre
2423 - L’évadé
2422 - Les barreaux
2421 - Eclats et monotonie de la prison
2420 - Les clés
2419 - Espérance
2418 - A travers la fenêtre
2417 - Les années passent
2416 - Une lettre mystérieuse
2415 - Le psychologue
2414 - La douche
2413 - Je tourne en rond
2412 - L’anniversaire
2411 - Quelques visites
2410 - Insomnies
2409 - La promenade
2408 - Mes repas
2407 - Mon lit
2406 - Les printemps
2405 - Solitude de fer
2404 - L’ennui
2403 - Tête de taulard
2402 - La fouille
2401 - Passe-temp
2400 - Les gens libres
2399 - Prière
2398 - Les heures
2397 - La mouche
2396 - La porte
2395 - Le plafond
2394 - Nulle compagnie
2393 - Bientôt fou ?
2392 - Départ
2391 - Mes geôliers
2390 - L’enfermement
2389 - Quatre murs
2388 - Des mots en guise d’ailes
2387 - Mon trou
2386 - Connexion céleste
2385 - Une flamme de l’azur
2384 - Seigneur cinglant
2383 - L’âme en l’air
2382 - Flamme verte
2381 - Au feu les plumes sombres !
2380 - Sombre forêt
2379 - Emportés par le vent
2378 - Un homme des nues
2377 - Courage de Bayrou
2376 - Un chemin sans fin
2375 - Mon univers infini
2374 - Je ne suis pas de la ville !
2373 - Seul parmi les arbres
2372 - Au bout des chemins
2371 - Mon trésor
2370 - Les cumulus
2369 - Qui donc m’observe ?
2368 - Le loup
2367 - Cauchemar
2366 - Un peu de foin
2365 - Bain de crépuscule
2364 - Voyage sous un arbre
2363 - Ma solitude de roi
2362 - Le silence
2361 - Aubes de plomb
2360 - Mes anges les corbeaux
2359 - Vertueuse verdure
2358 - Le parachute
2357 - Au bord de l’eau
2356 - J’y suis et j’y reste !
2355 - Ma soupe
2354 - Les fées n’existent pas !
2353 - Le bon air de mon exil
2352 - Un jour ordinaire
2351 - Vie de rêve
2350 - Ma solitude
2349 - Je découvre une tombe
2348 - Le randonneur
2347 - La nuit
2346 - Le braconnier
2345 - A l’ombre des arbres
2344 - Une belle journée
2343 - L’intruse
2342 - La chasse à courre
2341 - Les vers luisants
2340 - L’hôte qui pique
2339 - Dans la pénombre
2338 - Le ballon
2337 - Ma lanterne
2336 - La barque
2335 - Le chemin creux
2334 - Les deux chasseurs
2333 - Flamme noire
2332 - Deux corbeaux dans un arbre
2331 - Insomnie
2330 - Cris des corbeaux
2329 - Papillons de nuit
2328 - Froid et pluies
2327 - Les ronces
2326 - Chemins de boue
2325 - Tristesse de la forêt
2324 - Provisions de bois
2323 - Dans les buissons
2322 - Pluie matinale
2321 - Les grands arbres
2320 - Terribles crépuscules
2319 - Les rats
2318 - Un ami frappe à ma porte
2317 - Entouré de rusticité
2316 - Le sanglier
2315 - Mon sac
2314 - Le renard
2313 - Ma marmite
2312 - Des bruits dans la nuit
2311 - Les lapins
2310 - Un signe sous le ciel
2309 - La Lune vue de mon toit
2308 - Une gauchiste explosive
2307 - Sortie nocturne
2306 - Le vent sur la forêt
2305 - Un air de feu
2304 - Rêve dans les branches
2303 - L’écolo
2302 - Les papillons
2301 - La corneille
2300 - Les patates
2299 - L’escorte des souches
2298 - Un orage au dessert
2297 - Nulle femme dans ma forêt
2296 - Indispensables pommes de pin
2295 - Promenade
2294 - La pluie sur mon toit
2293 - A la chandelle
2292 - Un soir de brume
2291 - Vie de feu
2290 - La rosée matinale
2289 - Dans l’herbe
2288 - Par la fenêtre
2287 - Ma cheminée
2286 - Mes chemins d’ermite
2285 - Au réveil
2284 - Les cailloux sur mes chemins
2283 - Mes sentiments de bûche
2282 - Nuit de pleine lune en forêt
2281 - Ivresse de femme
2280 - Loin de ma grotte
2279 - Tempête dans mon trou
2278 - Baignades d'ermite
2277 - Un hibou dans la nuit
2276 - Mes ennemis les frileux
2275 - Ermite aux pieds sur terre
2274 - Mon jardin d’ermite
2273 - La récolte des fagots
2272 - Un étrange visiteur
2271 - Ma demeure d’ermite
2270 - Un homme clair
2269 - Un foyer au fond de la forêt
2268 - Les raisons du peintre
2267 - La célibataire
2266 - Les femmes
2265 - Une femme
2264 - France sous les étoiles
2263 - Un homme hors du monde
2262 - Homme de feu
2261 - Rencontre du troisième type
2260 - Voyage
2259 - Déprime
2258 - Fiers de leur race
2257 - La fille lointaine
2256 - Le Noir méchant
2255 - L’attente
2254 - J’ai entendu une musique de l’an 3000
2253 - Le modèle
2252 - Blonde ordinaire
2251 - Mâle archaïque mais authentique
2250 - La femme et la flamme
2249 - Voyages au bout de la terre
2248 - Ma chambre
2247 - Le vieil homme entre ses murs
2246 - L'ovin
2245 - Vous les mous, les mouches, les mouchards
2244 - Mon humanisme fracassant
2243 - Ma cabane sur la Lune
2242 - Les marques rouges du ciel
2241 - Je reviens !
2240 - Une fille de toque
2239 - La légèreté de la Lune
2238 - Janvier
2237 - Elena Yerevan
2236 - Oiseaux de rêve ?
2235 - J’irai vivre à la campagne
2234 - Fiers de leurs péchés
2233 - Deux faces
2232 - Le soleil de la jeunesse
2231 - Dans les bois
2230 - Nuit de vents
2229 - Mon fauteuil de lune
2228 - Le sourire d’une marguerite
2227 - Je ne suis pas antiraciste
2226 - Qui est-elle ?
2225 - L’arc-en-ciel
2224 - Je suis parti dormir sur la Lune
2223 - La sotte intelligence
2222 - Leurre ou lueur ?
2221 - Clinchamp, cet ailleurs sans fin
2220 - La tempête Trump
2219 - Femme de lune
2218 - Une plume de poids
2217 - Douches glacées
2216 - Les arbres et moi
2215 - Je pulvérise le féminisme !
2214 - J’aime les vieux “fachos”
2213 - La surprise
2212 - Promenade en forêt
2211 - Je vis dans une cabane
2210 - Plouc
2209 - Je suis un mâle primaire
2208 - Musique triste
2207 - Ma cabane au fond des bois
2206 - Hommage à Christian FROUIN
2205 - Installation sur la Lune
2204 - Barreaux brisés
2203 - Affaire Pélicot : juste retour de bâton du féminisme
2202 - L’abbé Pierre, bouc-émissaire des féministes
2201 - Par tous les flots
2200 - Votre incroyable aventure !
2199 - Je ne suis pas en vogue
2198 - Jadis, je rencontrai un extraterrestre
2197 - Dernière pitrerie
2196 - Alain Delon
2195 - Je déteste les livres !
2194 - L’esprit de la poire
2193 - Je ne suis pas citoyen du monde
2192 - Ma cabane dans la prairie
2191 - Devant l’âtre
2190 - Plus haut que tout
2189 - Pourquoi la femme vieillit si mal ?
2188 - Je prends l’avion
2187 - Sous la Lune
2186 - La pourriture de gauche
2185 - Je dors à la belle étoile
2184 - L’obèse et l’aristocrate
2183 - Le hippy et moi
2182 - Croyant de feu
2181 - Les gens importants
2180 - Le Beau
2179 - Michel Onfray
2178 - J’irai cracher sur leurs charentaises !
2177 - Clodo
2176 - Corbeaux et corneilles
2175 - Un dimanche plat atomique
2174 - Promenade en barque
2173 - Juan Asensio, ce rat lumineux
2172 - Il va pleuvoir bientôt
2171 - Au bord de la lumière
2170 - Dans mes nuages
2169 - J’ai dormi dehors
2168 - Les roses
2167 - Perdu en mer
2166 - Un jeune heureux
2165 - Le vagabond
2164 - Un ogre
2163 - Brigitte
2162 - Les gens simples
2161 - L’azur de Warloy-Baillon
2160 - Cause majeure
2159 - Je n’ai aucune élégance
2158 - La rivière
2157 - Il n’est pas raciste
2156 - Elle me fait peur
2155 - L’horloge
2154 - A la boulangerie de Mont-Saint-Jean
2153 - L’écologiste, ce primitif
2152 - Madame Junon
2151 - Chemins de pluie à Clinchamp
2150 - Voyage vers Mars
2149 - Galaxies
2148 - Je suis de la droite honteuse
2147 - Les écrivains sont des poids morts
2146 - L’héritage de Clinchamp
2145 - Clinchamp, une histoire sans fin
2144 - Vent de mystère à Clinchamp
2143 - Ma cachette à Clinchamp
2142 - Randonnée à Clinchamp
2141 - Eclipse de Lune à Clinchamp
2140 - Un arc-en-Ciel à Clinchamp
2139 - Clinchamp sous l’orage
2138 - J’ai rêvé de Clinchamp
2137 - Jour de l’An à Clinchamp
2136 - Vacances d’été à Clinchamp
2135 - Attente à Clinchamp
2134 - Un jour ordinaire à Clinchamp
2133 - Or de France
2132 - La compagne des esseulés
2131 - Loup de lumière
2130 - Spleen
2129 - Le pitre
2128 - Les corbeaux de Clinchamp
2127 - Un homme heureux à Clinchamp
2126 - Le mouton
2125 - Des lutins à Clinchamp ?
2124 - Je suis fort !
2123 - Paroles prophétiques
2122 - L’égalité entre les hommes est injuste !
2121 - L’idéaliste de gauche
2120 - La femme est la monture de l’homme
2119 - Clinchamp sous la neige
2118 - Le Nord et le Sud
2117 - Pourquoi j’aime Clinchamp ?
2116 - Convaincre Blandine
2115 - Un couple de vieillards à Clinchamp
2114 - Le facteur de Clinchamp
2113 - Tristesse et beauté à Clinchamp
2112 - L’Art
2111 - Botte à l’oeuf
2110 - Les bûcherons de Clinchamp
2109 - Le coucou de Clinchamp
2108 - BFMTV : l’écran de la vérité
2107 - Lettre anonyme
2106 - Je ne suis pas amoureux de Paris !
2105 - Un jour d’hiver à Warloy-Baillon
2104 - La femme soumise brille comme une casserole
2103 - Les chouettes de Clinchamp
2102 - Quand la tempête s’abat sur Clinchamp...
2101 - L’aile et la pierre
2100 - Mes amis les maudits
2099 - Le brouillard de Clinchamp
2098 - Artiste de gauche
2097 - L’éternité dans la tête
2096 - Toussaint à Clinchamp
2095 - Chagrin échappé
2094 - Clinchamp-sur-Mystère
2093 - Les cafards
2092 - Loup des airs
2091 - Le loup de Clinchamp
2090 - En latin, c’est plus beau !
2089 - Les patates de Clinchamp
2088 - L’enfant des airs
2087 - Ciel de France
2086 - Thaïs d’Escufon
2085 - Les tomates de Clinchamp
2084 - Jérôme Bourbon
2083 - Les chats de Clinchamp
2082 - Poupée d’ailleurs
2081 - Pierre de feu
2080 - Les champs de Clinchamp
2079 - L’éclosion
2078 - Vacuité des bouquinistes
2077 - Les toits
2076 - Freud
2075 - Sport
2074 - Le simplet de Clinchamp
2073 - Les oiseaux de Clinchamp
2072 - Je ne suis pas cartésien
2071 - Au cimetière de Clinchamp
2070 - Le Panthéon pour Hugo, l’évasion pour Izarra
2069 - Les rats de la France
2068 - Le curé de Clinchamp
2067 - Mon trou à Clinchamp
2066 - Saint-Léonard-des-Bois
2065 - Les cloches de Clinchamp
2064 - Un épouvantail à Clinchamp
2063 - Les rêves de Clinchamp
2062 - Je suis raciste
2061 - L’injustice sociale ne me choque pas
2060 - Les femmes de Clinchamp
2059 - Les jours vides de Clinchamp
2058 - Une grand-mère
2057 - Clinchamp vers 1970
2056 - La femme de soixante ans
2055 - Sale temps à Clinchamp
2054 - Un grand voyage en forêt
2053 - L’ailé et l’aliéné
2052 - Souvenirs lointains
2051 - Domestication d’une greluche
2050 - Déprime à Clinchamp
2049 - L’amour à Clinchamp
2048 - Les Droits de l'Homme, c'est la négation de l'homme !
2047 - Les hivers de Clinchamp
2046 - Les chemins de Clinchamp
2045 - Seul au monde
2044 - Ne me parlez pas d’amour
2043 - Tristesse de l’été
2042 - Jour de fête à Clinchamp
2041 - Monsieur Lecon
2040 - Châtelain
2039 - Les ailes de Clinchamp
2038 - Tremblement de terre
2037 - Nuit d’amour
2036 - Pluie de joie à Clinchamp
2035 - Les gauchistes
2034 - Clinchamp sous les clartés lunaires
2033 - Henri d’Anselme, héros hétéro rétro
2032 - Les hirondelles
2031 - Retraite dans la forêt
2030 - Mon bosquet
2029 - L’or de Clinchamp
2028 - Sur le chemin
2027 - La souche
2026 - Clinchamp, ce voyage sans fin
2025 - Sardines à l’huile
2024 - Les fantômes
2023 - Le silence de la forêt
2022 - Les arbres
2021 - Les joies de Clinchamp
2020 - La merde républicaine
2019 - Les ailés
2018 - Les soirées de Clinchamp
2017 - Parasite
2016 - Clinchamp, les routes de l’ennui
2015 - Moi français, je déteste les migrants !
2014 - Répugnante
2013 - Les complotistes
2012 - Je déteste les livres de philosophie !
2011 - Le bossu de Clinchamp
2010 - La lumière de Clinchamp
2009 - Les crépuscules de Clinchamp
2008 - Les nuits à Clinchamp
2007 - Les aubes de Clinchamp
2006 - Je suis un oiseau à Clinchamp
2005 - Les rats de Clinchamp
2004 - Les papillons de Clinchamp
2003 - Les richesses de la normalité
2002 - Le Rimbaud des bobos
2001 - Les vaches de Clinchamp
2000 - La folle de Clinchamp
1999 - Mon ego solaire
1998 - Vague Lune
1997 - Ma cabane à Clinchamp
1996 - Moi, IZARRA
1995 - Mais qui donc est Dardinel ?
1994 - La Dame Blanche de Clinchamp
1993 - Le Dalaï-Lama
1992 - Pluie à Clinchamp
1991 - Je suis sexiste
1990 - Les flammes du printemps
1989 - Le rustaud de Clinchamp
1988 - Les larmes d’Amsterdam
1987 - Clinchamp, terre d’envol
1986 - La Joconde de Clinchamp
1985 - Face cachée de Clinchamp
1984 - La clocharde de Clinchamp
1983 - Je suis un extraterrestre
1982 - Clinchamp sous les éclats de novembre
1981 - Clinchamp au bord des larmes
1980 - Les fantômes de Clinchamp
1979 - Les pissenlits de Clinchamp
1978 - Clinchamp : fin et commencement de tout
1977 - Amsterdam
1976 - J’habite sur la Lune
1975 - Secret de Lune
1974 - Les ailes de la Lune
1973 - Voir Clinchamp et sourire
1972 - La pierre et l’éther
1971 - Clinchamp, au bonheur des larmes
1970 - Clinchamp, mon dernier refuge
1969 - Croissant de Lune
1968 - Mais d’où vient donc la Lune ?
1967 - Lune lointaine
1966 - Lune éternelle
1965 - Sandrine, notre voisine
1964 - Rêve de Lune
1963 - Lune des rêves
1962 - La Lune dans le bleu
1961 - Lune ultime
1960 - Les tourmentés
1959 - Clinchamp, paradis des ombres
1958 - Lune absente
1957 - Je raffole des commérages !
1956 - Clinchamp : royaume des humbles
1955 - La Dame dans le ciel
1954 - Palmade : de la gloire au gouffre
1953 - Evasion
1952 - Tatouages, ces marques de faiblesse
1951 - L’égalité est un enfer !
1950 - Repas sur l’herbe à Clinchamp
1949 - Escale à Clinchamp
1948 - Beauté morbide de la Lune
1947 - J’ai dormi dehors à Clinchamp
1946 - Les humanitaires sont des parasites !
1945 - Sur les routes de Clinchamp
1944 - Une année à Clinchamp
1943 - Tristesse du printemps
1942 - Bulle de Terre
1941 - Jour de joie à Clinchamp
1940 - L’inconnu de Clinchamp
1939 - Le ciel de Clinchamp
1938 - Les éclats de Clinchamp
1937 - Le voyageur
1936 - Fête triste
1935 - Les antiracistes
1934 - Jean Messiha
1933 - Coeur gelé
1932 - Romantisme de pierre
1931 - La femme est sous mes pieds
1930 - Burcu Güneş, un air léger
1929 - Je déteste les pauvres !
1928 - Quand mon coeur s’allume
1927 - Intègre, entier, râpeux
1926 - Le cheval
1925 - Homme mauvais
1924 - Un trou sous le ciel
1923 - Hauteur de la Lune
1922 - Nulle part, là-bas, ailleurs
1921 - Belle Lune
1920 - Salades lunaires
1919 - Lettre à Reynouard
1918 - MARGUERITE OU L’HISTOIRE D’UNE VIEILLE FILLE
1917 - Récoltes lunaires
1916 - Je suis français de souche
1915 - Lune mortuaire
1914 - Clinchamp, cité des oubliés
1913 - Clinchamp, l’air de rien
1912 - Clinchamp, sommet du monde
1911 - La pollution, c’est la vie !
1910 - Seule au monde ?
1909 - Le Ciel et la Terre
1908 - Lune de haut vol
1907 - La Lune s’allume
1906 - Nuit sombre
1905 - Soupe de Lune
1904 - Puretés raciales
1903 - Lune-pizza
1902 - La grande question
1901 - Amiens
1900 - Pleur de Lune
1899 - Rêve d’amour
1898 - Vive le patriarcat !
1897 - La libellule
1896 - L’eau qui m’éclaire
1895 - Une question de clarté
1894 - La Lune dort
1893 - Les artifices du spirituel
1892 - Lune normale
1891 - Ni chauffage ni travail
1890 - Lune de fer
1889 - Molle Lune
1888 - Insensible aux malheurs des autres
1887 - Mon visage de vérité
1886 - Amante russe
1885 - J’écris
1884 - Lune martiale
1883 - Je suis un incapable
1882 - Lune creuse
1881 - 1975
1880 - L’éclat d’un fard
1879 - Amour impossible
1878 - Femme au foyer
1877 - L’esprit de la Lune
1876 - Ingérence féministe
1875 - Cratères lunaires
1874 - Lune d’effroi
1873 - Lune des chats
1872 - Les athées
1871 - Lune d’or
1870 - Lune carrée
1869 - Lune de miel
1868 - Folle lune
1867 - Jour de joie
1866 - SMARPHONES : abrutissement des masses
1865 - Sombre lune
1864 - Les mouches
1863 - Ma vie simple
1862 - Clinchamp, terre lointaine
1861 - Je suis un conservateur
1860 - Lune de glace
1859 - Le lac
1858 - Qu’est-ce que la beauté ?
1857 - Lune blanche
1856 - Lune de mer
1855 - Lune de feu
1854 - Présence immortelle
1853 - Surprenante Lune !
1852 - L’éclat de la Lune
1851 - Epis lunaires
1850 - L’autre Lune
1849 - L’amie des cheminées
1848 - Lune morte
1847 - Lune Parmentier
1846 - Lune fatale
1845 - Amour céleste
1844 - Grâces et disgrâces
1843 - Ma maison, c'est la Lune
1842 - Poids de la Lune
1841 - La morte visiteuse
1840 - Ma cabane sous la Lune
1839 - Bleu ciel
1838 - Histoire de lune
1837 - Suc de Turque
1836 - Stéphane Blet
1835 - Ciel bleu
1834 - Bonheur de rat
1833 - Redneck
1832 - Sur le rivage
1831 - Attraction lunaire
1830 - Je suis anti-féministe radical
1829 - Mais qui est-il ?
1828 - Je veux des frontières !
1827 - Les francs-maçons
1826 - Folies lunaires
1825 - Alunir, en un mot
1824 - “Comme ils disent”, chanson d’Aznavour
1823 - Lune tiède
1822 - Globe de rêve
1821 - Effroi
1820 - Vangelis
1819 - L’air de la Lune
1818 - La campagne
1817 - Lune tombale
1816 - Les cailloux
1815 - Je déteste Paris !
1814 - Boules de neige
1813 - Je n’ai pas peur
1812 - Parler vrai
1811 - Les hommes simples
1810 - Quand la Lune panse
1809 - Régine : extinction d’un feu
1808 - Morte veilleuse
1807 - Coeur de pierre
1806 - Noir
1805 - Mystère de la Lune
1804 - Jackson Pollock
1803 - En pleine lumière
1802 - Harmonie des sexes
1801 - Dix ans dans l’azur
1800 - Pluie d’avril
1799 - Le gueux
1798 - Les pommes de pin
1797 - Voyage vers la Lune
1796 - Mystère d’une nuit
1795 - Une lumière turque
1794 - Sans coeur et avec écorce
1793 - Envolé !
1792 - Galante ou l’abcès crevé
1791 - La lumière du Bosphore
1790 - Claude Monet
1789 - Rat aristocrate
1788 - Ukraine : sortez de vos ornières mentales !
1787 - Tranche de ciel et plumes de la Terre
1786 - Les sots écolos
1785 - L’astre turc
1784 - L’Ukraine, je m’en fous totalement !
1783 - Vive la guerre !
1782 - Réponses à un coatch
1781 - Droite pure
1780 - Vains hypersensibles
1779 - Mes valeurs vives
1778 - Le secret
1777 - Force et lumière
1776 - De l’herbe à l’aiguillon
1775 - Jusqu’à la mort
1774 - Zemmour et les journalistes de gauche
1773 - Dur et juste
1772 - La flamme et le marbre
1771 - Mon chat est mort
1770 - Les frères Bogdanoff
1769 - J’ai rêvé de Natacha
1768 - Technologie
1767 - Vers la Lune
1766 - C’était la guerre
1765 - La “tondue de Chartres”
1764 - Dans le métro
1763 - Naissance d’un virus
1762 - Zemmour est-il un de Gaulle ?
1761 - Je suis grand
1760 - Jour de gloire
1758 - Une muse du Bosphore
1758 - Je suis un extrémiste
1757 - Les éoliennes
1756 - Femme terminale
1755 - Autoportrait
1754 - Je suis un sanglier
1753 - Faux fou
1752 - Les affaires
1751 - Octobre
1750 - Le fantôme
1749 - Les écrivains
1748 - Sauvez la France !
1747 - Mes sentiments de pierre
1746 - Une araignée raconte
1745 - Un coeur clair
1744 - Phallocrate
1743 - Les vaches
1742 - Les faibles sont mauvais
1741 - Les sans-visage
1740 - Le trouillard de gauche
1739 - Léonard de Vinci enfant
1738 - Mes froideurs sublimes
1737 - Le romantisme, c’est la décadence
1736 - La Joconde
1735 - La tour Eiffel
1734 - Le Soleil
1733 - Une boule de mystère
1732 - Les masqués
1731 - Burcu Günes, l’or turc
1730 - Léa Désandre
1729 - Le père Dédé
1728 - “Blanc lumière” de Pollock
1727 - Les kikis et les cocos
1726 - Les funérailles de Belmondo
1725 - Pôle Sud
1724 - Vierge au mariage
1723 - La forêt
1722 - Le réveil des clochers
1721 - En septembre
1720 - Extraterrestre
1719 - Ni cagoule ni sérum
1718 - L’astre des morts
1717 - L’idéaliste
1716 - Un ange noir pour les Blancs ?
1715 - Trois heures du matin
1714 - Dur et vivant
1713 - Homme des bois
1712 - De flamme et de sang
1711 - Mes bas potentiels
1710 - Je suis un anti-progressiste
1709 - Eléonore et les Noirs
1708 - Eléonore et les Juifs
1707 - Une française
1706 - Femme d’idées
1705 - Joie de vivre
1704 - Auteur de rêves
1703 - Raison féminine
1702 - Vieillard
1701 - Face de France
1700 - 1789
1699 - Adieu, France
1698 - Célibataire
1697 - L’envers vert
1696 - Avant la chute
1695 - L’aube d’Ève
1694 - Amour raté
1693 - À vue d’homme
1692 - Le loup et l’agnelle
1691 - Têtes à corps
1690 - Trêve de la nuit
1689 - L’été
1688 - L’hiver
1687 - Les âmes de la forêt
1686 - Enfin libre !
1685 - Je vis sans masque
1684 - Enfants du monde
1328 - Je suis apolitique
115 - Le cygne
114 - Le spleen de Warloy-Baillon
113 - Les visiteurs
112 - La Lune
111 - L’amant des laides
110 - Mémoires d’un libertin
109 - Une existence de pompiste
108 - Lettre à mes amis des listes sur Internet