Les premiers jours de mars liquéfient l’ambiance, argentent l’atmosphère, bleuissent les âmes : ils enflamment les flaques, trempent le sol, abreuvent les caniveaux.
Dans le ciel, plein d’écume, d’ombres et de chrysanthèmes.
Ces flots en pleurs que sont les nuages arrosent ma face de rat à l’âpre saison, font couler des larmes de glace sur mon front, frigorifient mes doigts de pieds.
Et allègent mes semelles. Les giboulées m'inspirent : elles me donnent de la plume.
Elles “escargotisent“ le monde d’une seule averse, humectent les alcôves autant que les tombes tout en perçant les coeurs de leurs tranchants rayons de pluie.
Germinal est le temps des rigoles, non de la rigolade.
Sa blanche tristesse m’emporte dans des hauteurs troubles : avant avril, c’est encore un peu de ténèbres mêlées de neige.
Entre la cendre et l'écume, le givre et la boue qui emplissent la campagne, il y a encore de la place pour l’azur plombé.
Les terres noyées, le soleil lointain, l’horizon lumineux deviennent alors des frissons secs et des chemins sans issue.
C’est aux derniers froids de l’hiver, à la fonte de ses humeurs, au mois des semailles, sur les cailloux des champs et sous les sillons aériens que je m’éclaircis pourtant.
Entre voie éclatante et voile pâle.
C'est ce que j’appelle avoir la joie radieuse de l’aube et le visage terne des choux-fleurs.