Les rats, parce qu’ils me ressemblent, sont mes amis de toujours.
Ils rampent astucieusement au ras de nos semelles en quête de
découvertes, curieux de nos mystères, convoitant nos richesses, tandis que moi,
je sonde secrètement les têtes. Tout comme eux, je chemine en silence. Je suis
un explorateur cérébral. Un rongeur qui cherche non sans fourberie à grignoter
les âmes de ses contemporains afin de les mieux étudier.
Les menus quadrupèdes sont de vifs cerveaux. Sournois, ils sortent de leur
trou tout en trottant, attirés par nos lumières. Pour les voler. Je quitte mon
antre, affolé par ce qui brille -ou ce qui se ramollit- au fond des
cervelles. Pour y planer au-dessus. Autant dire y pratiquer le haut vol.
Le peuple de la poussière, malin, rusé, futé, ambitieux, déjeune aux crochets des humains, moi je dissèque les pensées aux dépens des Dupont.
Le peuple de la poussière, malin, rusé, futé, ambitieux, déjeune aux crochets des humains, moi je dissèque les pensées aux dépens des Dupont.
Les visiteurs de nos cloches à fromage ont le museau fin, les moeurs
délicates, la queue longue. J’ai le flair subtil, l’air inspiré, le geste léger
et tout le reste bien leste encore...
Ces chapardeurs de miettes et de diamants, glorieusement s’engraissent de
nos vices et vertus, moi je vais à la cueillette des esprits, blancs ou
noirs.
Eux et moi sommes faits de la même pâte.
Espion, fureteur, intrus et opportuniste tout comme eux, je profite de la
nuit pour m’introduire dans les songes des hommes.