Quand certaines nuits elle devient souveraine avec sa couronne d'opale et que raysonne sa face de reine, la Lune m'inspire les idées les plus aériennes.
Et je deviens une plume.
Je m'envole vers elle de mes ailes soudaines. Les mots que je lui destine
sont des flammes, des fluides et des flèches : pour me hisser à sa hauteur, mon
verbe se fait aussi subtil que sidéral.
Je monte en sa direction, chevauchant mon Pégase, c'est-à-dire ma lyre, et
lui chante mon sempiternel couplet de brillantes fadaises, ivre de sa lumière de
morte, assoiffé de son nectar nocturne, charmé par son visage lourd de
mélancolie.
Avec son sourire comme un soupir d'esseulée, elle semble m'adresser ses
appels de détresse. A moins que ce ne soient des signes d'éternel ennui,
d'infinie tristesse, de mortelle lassitude...
Ou bien des brûlantes prières d'amour.
Bref, elle m'attire et je ne puis résister à ses murmures de marbre, à ses
larmes de cendre, à son silence de poussière.
Et plus je m'élève vers ses cratères, ses traits de pierre et sa surface
fardée de régolithe, plus mon âme se charge d'éther et d'azur, déjà loin de la
Terre et de ses douleurs...
Etendu sur l'herbe, je contemple sa tête d'ombres et de roches, le regard
plongé dans ses yeux pleins de poésie.
Et je lis ses pensées cachées en me laissant mollement emporter par le sommeil.
Mais je ne vous les dévoilerai point.
C'est un secret entre elle et moi, précieusement logé dans mes rêves.
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