Je n'ai plus d'amis, plus de foyer, plus d'attaches.
J'ai choisi de m'enfoncer définitivement dans la pénombre millénaire de
l'effrayante forêt, afin d'y trouver solitude, repos, sérénité.
Je ne veux m'entourer désormais que de géants de bois, silencieux et
solennels. Tout en hauteurs et majesté, pleins de racines et de mystères.
Mon âme de hibou n'est point faite pour l'agitation du monde, mais pour la
paix des profondeurs sylvestres et la beauté des nuits sous la Lune, la
tranquillité des tapis d'humus et la fraîcheur des pluies d'étoiles.
Je ne désire plus que voir les visages ridés des arbres séculaires.
Et étreindre leurs fûts rêches, caresser leur peau de reptile, sentir leur
présence de rois. Demeurer en leur compagnie, faire confiance en leurs branches,
dormir sous leurs troncs massifs.
Et rêver longuement à leurs pieds quand ils ne sont plus que des
souches.
Je quitte les normes molles et tièdes des humains pour m'endurcir au
contact de l'écorce, de la broussaille et des épines.
La vie sauvage parmi ces spectres gorgés de sève que berce le vent ne me
fait pas peur. Je crains bien plus le confort et la léthargie de l'existence
citadine que l'austérité de ces vastes silhouettes aux bras augustes,
aux charmes sépulcraux, aux ombres magistrales.
Dans la chaleur de la cité, je meurs de torpeur. Ici, sous l'océan de
feuilles, étendu sur la mousse et le terreau, je m'abreuve du calme de la
mort.
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