A pied, à bicyclette ou en voiture, lorsque vous arrivez de la route de Hénencourt, gravissant l'ultime côte raide et sèche qui précède la formidable plongée vers le bourg, vous surplombez soudain un monde qui semble s'annoncer à part. Au sommet de cette pente vous êtes sur le bord d'une cuvette naturelle et embrassez du regard une vallée. Avec, au fond, des toits d'ardoise, de la brique rouge, un clocher massif, le tout entouré, protégé par de grands carrés de terres aux sillons beaux et droits... Vous êtes à Warloy‑Baillon !
A quelque distance de là, vous apercevez un moulin abandonné qui domine la campagne, relique irréelle, décor suprême d'un milieu pastoral lyrique et joyeux. Derrière un voile de brume, l'apparition sera empreinte de poésie... Depuis cette hauteur enchanteresse, l'oeil attentif retient de ce tableau paisible tout un univers intime, retiré et mystérieux, un microcosme où semblent s'être réfugiés les secrets champêtres les plus charmants.
Déboulant de ce versant pittoresque qui mène à la cité, vous pouvez goûter les premiers charmes bucoliques de Warloy-Baillon. En fait vous êtes là à Baillon... Un petit pont vous salue dès l'entrée et, arpentant bientôt la montée sinueuse qui démarre de l'église pour finir sur la rue du Général Leclerc, vous débouchez par là-même dans Warloy (« par en haut », a-t-on coutume de dire). Et vous avez alors traversé en son coeur l'agglomération, reliant ainsi en quelques pas flâneurs ‑ si vous êtes à pieds ‑ les deux parties graduelles de la localité.
Puis vous vous dirigez vers "le chemin d'Harponville" et là, vous pénétrez dans un domaine autrement sacré, celui qui a marqué à l'encre intense de la vie une âme fraîche : la mienne. Rêveuse, errante et radieuse, telle fut mon enfance à Warloy-Baillon.
Oui, mon royaume, mes marques, mes nostalgies, c'est Warloy‑Baillon.
"Le chemin d'Harponville"... Point de départ de l'évasion pédestre menant vers une multitude d'ailleurs, ruban de calcaire immaculé bordé de rouges pavots, lieu majeur de toutes les aventures. Enfant, ce parcours me semblait se perdre à l'infini vers des horizons fabuleux, des idéaux inaccessibles...
Exilé de ce berceau de mes vertes années, je repense avec tendresse à mon village. Warloy‑Baillon c'était pour moi comme une personne, un ami. Son sourire c'était le clair azur, sa voix le vent du nord, ses pleurs les pluies mornes. Olympienne était la sérénité lorsque tombait sur les toits la clarté des astres... De jours nébuleux en crépuscules triomphants et de dimanches mortels en nuits lumineuses, j'étais heureux à Warloy‑Baillon, premier paradis de ma vie, verger de ma folle jeunesse.
Mais Warloy‑Baillon c'est aussi une plaine mélancolique et pesante, c'est des hiboux que l'on dérange près du "bois Darras", des peupliers et de la craie blanche ‑ éclatante au soleil d'été -, des papillons, blancs eux aussi... Au détour de quelque sentier poussiéreux, des coquelicots encerclent des blockhaus. Les grandes chaleurs parfois sont solennelles et profondes : dans un silence de mort perce la flore et repose la ruine.
Au loin, le chant des alouettes. Sous les pieds, les soupirs de l'Histoire. Partout, des espaces semés de feu et de fer. Oui, la "Der des der" est passée à Warloy... Et c'est peut-être à cause de cela que vous tiendrez encore plus à ces champs pleins de murmures.
Lorsque de ce pays qui est le mien vous lèverez les yeux vers les étoiles, vers ces constellations mythologiques qui brillent éternellement au-dessus de nos têtes, n'omettez pas de leur adresser une ou deux pensées pour moi, elles me parviendront. De mon lointain exil, je les regarde chaque soir.
3 commentaires:
“La vallée des roses,” voilà la traduction de ce qui était plus qu'un hameau. C'était une commune à part entière avant 1972. C'était une commune quand j'y suis née. Quand j'apprenais sur les bancs de son école à en écrire le nom à l'encre encore violette.
Ville maraichère festive abritée des invasions sablonneuses par les oyats de la dune dans laquelle une fois l'an, les petites betteraves lumineuses recherchaient l'âne de Saint Martin.
Cité horticole qui s'invitait sur les marchés des environs, dans une ambiance toujours joyeuse.
Son corps sentait bon la bière et la limonade blanche. Et elle avait le goût du sucre et de la chicorée.
Et celui des petites crevettes grises aussi qu'il fallait mériter. Non qu'elles se fissent rares mais dont le décorticage était bien fastidieux et laissait en guise de trésor un pourcentage infime.
Ses enfants étaient souvent pauvres ...et pêcheurs. Dans tous les sens du terme. Et ils faisaient “la bande”
La friponne tournoyait ses jupes du mardi gras à la dernière des ducasses. Son chant était paillard à l'ombre des géants.
C'était une commune à part entière avant 1972. A cette date, en compagnie de deux autres voisines, elle fut rattachée à sa grande sœur sous le regard de son célèbre corsaire. Maintenant elles font la fête, toutes ensembles.
J'y retourne une ou deux fois l'an.
Il n'y fait pas beau, il y fait bon vivre. On la dit polluée mais je ne sens que l'iode. Elle n'a pas vieilli. Elle est devenue grande. Et j'ai toujours un immense plaisir à la revoir, à en saisir une image au vol.
Je me souviens...Les plus beaux rosiers de sa vallée étalaient leur port tout autour du cimetière et profitaient de ce que le temps soit arrêté pour promener leur regard sur le canal.
Ils sont moins jolis maintenant, peut être parce qu'on les délaissent...
on les délaissE... avec un E!
Que d'inattention!
C'est comme le verS qui n'a pas de S lorsqu'il est seul dans le fruit!
Faute que je corrige bien en amont de l'endroit où je l'ai faite, donc la corrigeant en amont vaut à ce qu'elle disparaisse "virtuellement" en aval, non?
Bref...Quand je ne lis pas de poésie au sens "poétique" du terme, il m'arrive de lire des textes qui pourraient être extraits du "Compost des bergers", version manuscrite puisque datant d'avant ce brave Gutemberg. (ou de tout autre corps de métier rural, peut importe ...cela parle de la vie de la ferme en général)
Poésie à l'état brute!
Et là, je pique un fard!
C'est pour cela AUSSI que je dois rendre visite à Notre Dame des dunes.
C'est pour cela que je suis sur cette page...non loin de ma vallée.
Article intéressant sur la taille à deux yeux.
Et qui analyse rétrospectivement un texte ancien.
C'était inscrit... lisible? Le paysan propriétaire de Marcel avait lu ...?
Les anciens savaient des choses que nous avons perdues.
et si cela parait dans ce calendrier séculaire...ce doit être...vrai!
ou alors je fais erreur de rose...
Je me fourvoie.
Dans le doute, je profite de cet arrêt chez moi, dans ma chapelle pour demander à la Vierge de passer sur cet instant d'égarement. Faire des fautes d'orthographes par distraction...c'est pardonnable. cela ne nuit pas à la lecture Mais que les miroirs de l'âme d'un texte soient ainsi "lisibles", à portée d'atteinte du lecteur...pas bien!
Pour...le NOOOOOOOOOOORD !
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