L'infini est à ma porte, l'aventure à mes pieds, l'inconnu devant moi.
Je vais à la découverte des hommes, le coeur plein d'idéal, la tête chargée de
points d'interrogations, mon sac vide d'expérience.
J'ai hâte de cheminer dans la lumière des chemins à la rencontre des
couleurs du monde...
C’est parti !
Premier étonnement : descendre la France est une souffrance. Je vois mon
propre pays peuplé par des étrangers.
J'arrive en Espagne en pagne : chaleur sous le soleil mais froideur des
gens choqués par mon carré de tissu.
Au Maroc je fais du troc et me fais bien avoir.
Au Soudan je passe en coup de vent.
Au Mali je me mets au lit, malade d'avoir bu de l'eau.
Au Gabon je fais un bond, au Burundi je rebondis et retombe à
Tombouctou.
A Zanzibar je redémarre. En Angola je suis chocolat. En Zambie je salis
mes habits. Au Cap je change de cape.
De passage en équateur, je perds mon honneur.
Retenu en Turquie, je me noie
dans du raki, j’en suis fort marri.
Telles sont les manières diverses, amères ou sucrées, acides ou
glaciales, d’accueillir autour de la planète. Tout oiseau de passage est reçu
par ses semblables selon des normes différentes, que le visiteur atterrisse chez
des ânes anonymes, des chameaux sournois ou des nobles chevaux... L’agneau qui
s’exile doit accepter d’être salué par les loups. Et c’est très bien ainsi : les
épines comme les fleurs font le charme de la Création.
Enfin, après avoir fait le tour de tous ces horizons je retrouve mon toit,
mon arbre et mon jardin. Et je m'aperçois que c'est sous ce ciel-là que je suis
encore le mieux dans tout l'Univers.
De ce voyage je tire un enseignement.
La haine naît du désordre : l'homme ne restant pas à sa place devient un
intrus, un adversaire, un ennemi.
Et c’est là que commence la guerre.
La paix prend sa source dans le respect des frontières. Si l'un vit chez
l'autre, il en sera chassé. Sauf s'il est invité.
Mes frères humains, restez chez vous ! Vivez sur votre sol natal au lieu de
vouloir faire votre nid ailleurs.
Ne dépassez pas les barrières séparant les peuples. Nul n'a le droit de
violer les lois du voisin. Mais si vous êtes acceptés hors de votre terre,
adoptez les moeurs de vos hôtes.
Mangez ce qu'ils mangent. Priez leurs dieux. Pliez-vous à leurs codes.
Bénissez leur soleil.
Ne heurtez pas ceux chez qui vous foulez l'herbe sacrée, profitez du
sillon, découvrez l'Histoire, bénéficiez du territoire enfin.
Bref, soit vous prenez la couleur de leur peau, soit vous prenez racine dans
votre contrée, entourés des vôtres !
Là est l'ordre naturel des choses, la garantie de vivre dans l'harmonie
définie par le Cosmos.
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