Je m'enfonce avec délectation dans les profondeurs de l'Amérique qui
transpire sous les bras, braille de bonheur simple et pue des pieds.
Et m'enivre des parfums lourds de ces terres reculées aux cailloux légers,
peuplées de bipèdes en pick-up.
Avant de m'envoler dans l'azur des idées grasses fusant sous les chapeaux
de ces gardes-vaches chevauchant des Harley.
Les rednecks d'outre-Atlantique sont l'air frais de mes rêves rances.
Ils m'inspirent une joie de loup et une fraternité de lourdauds. J'ai de
l'estime pour ces porteurs de bottes crottées, si fiers de leur trou, là-bas à
l'autre bout du monde, dans le cul de nulle part mais bien chez eux.
Au centre de toutes les moqueries parisiennes.
Depuis mon sol de bouseux, loin des élégances de fer de la Tour Eiffel, je
leur adresse mon sourire de France aux relents de camembert.
Péquenaud heureux, sarthois de la cambrousse, balourd des labours, amateur
de frometon puant, de hiboux mystérieux, de nuits étoilées et de feux de bois,
je partage avec eux la simplicité de la vie, l'outrance du coeur taillé à la
serpe, le goût des choses authentiques, dures, radicales. Qu'elles soient amères
ou sucrées, sans aucune édulcoration.
Nous constituons, eux et moi, l'humanité des peaux brutes et des âmes sans
nuance qui tranche le pain de l'existence en riant à plein gosier !
Tout comme ces ploucs au look de bouc, je préfère mon carré de boue qui
sent la bouse au marbre rose des citadins qui roulent en carrosse en se prenant
pour des albatros, alors que ce ne sont que de prétentieux moineaux au bec
émasculé.
Vous valez ce que vous valez, vous les vaniteux, et nous valons ce que nous
valons, nous les va-nu-pieds.
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